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Ouverture du procès en appel de l'ancien trader Jérôme Kerviel

Un an après avoir été condamné à 3 ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros d’amende, Jérôme Kerviel est jugé en appel. Pour ce nouveau procès, l'ex-trader de la Société générale a adopté une nouvelle ligne de défense.

Procès Kerviel, acte II. Un an et demi après sa première condamnation, l'ancien trader de 35 ans, qui avait fait perdre près de 5 milliards d'euros à la Société générale en 2008, revient devant la justice en appel. En première instance, il avait écopé de cinq ans de prison, dont trois ferme, ainsi que d’une amende de 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.

Pour ce nouveau procès, qui a débuté ce lundi 4 juin devant la cour d'appel de Paris, Jérôme Kerviel affiche, derrière son costume bleu sombre et sa chemise blanche, un visage très combatif. "Je ne suis pas responsable de cette perte", a-t-il réaffirmé en arrivant au tribunal. "J'ai toujours agi en connaissance de cause de ma hiérarchie", a ajouté l’ex-trader, accompagné de son nouvel avocat, le médiatique David Koubbi. Olivier Metzner, pénaliste réputé, s’est retiré du dossier en raison d’un désaccord sur la "stratégie" à adopter.

Au fil de la journée, l’ex-trader a cependant dû admettre qu’il avait outrepassé les limites du risque que les traders de la Société générale étaient admis à prendre : le plafond est officiellement fixé à 125 millions d’euros par jour, quand lui a pris des positions spéculatives atteignant parfois des dizaines de milliards d’euros. "Cinquante milliards, évidemment, c’est une somme astronomique très risquée et, effectivement, je n’aurais pas dû la prendre", a-t-il admis avant d’ajouter : "On dépassait, mais tout le monde s’en fichait". Jérôme Kerviel a également dû avouer qu’il n’avait pas lu avec attention la charte de déontologie qu’il avait signée en devenant trader titulaire de la Société générale, à l’âge de 28 ans, et qui interdit aux employés de la banque de "faire bouger significativement le marché" ou de prendre des risques sans l’autorisation de son supérieur.

Les opérations fictives pour masquer ses dépassements ? Elles étaient fréquemment utilisées au sein de la banque, réplique Kerviel. "Que ce ne soit pas bien, peut-être. Mais je l’ai fait avec les pratiques que j’ai apprises là-bas, a-t-il déclaré, je n’étais pas le seul à le faire." La défense de Jérôme Kerviel avait jusqu’ici accusé son ancienne hiérarchie d'avoir fermé les yeux sur son travail. Elle s’est à présent durcie, accusant désormais ses supérieurs d’être au courant des positions risquées prises par le trader et de les avoir cachées par des manipulations quand l'affaire a mal tourné. Me Koubbi dit détenir des preuves que son client n'a pas agi seul

Condamnations

En arrivant au palais, l’avocat de la Société générale, Me Jean Veil, s'est pour sa part dit "surpris par le bruit médiatique que fait ce procès en appel" alors qu'il n'y a "strictement aucun argument nouveau".

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L'affaire Kerviel ou l'affaire Société générale ?

En première instance, le tribunal correctionnel avait déclaré le prévenu coupable "d'abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique". Les juges avaient alors admis que Jérôme Kerviel n’était ni un "terroriste", comme l'avait dit le président de la Société générale de l’époque Daniel Bouton, ou un "génie de la fraude", comme le soutenait le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, mais qu’il était bien le seul responsable de la perte de près de 5 milliards d'euros qui avait failli faire couler la banque. Rien ne laissait penser que la Société générale ait pu encourager ou même soupçonner de tels agissements, précisait le premier jugement.

Abattu par la condamnation historique du 5 octobre 2010 qui visait, selon lui, à "tuer le soldat Kerviel pour sauver la Société générale", l’ancien trader a immédiatement fait appel, arguant qu’il refusait de "payer pour tout le monde". Sans emploi depuis un an et actuellement sans revenu, Jérôme Kerviel est entièrement dévolu à la préparation de sa défense, selon son avocat. Il dit vivre "modestement" et attend avec impatience son procès en appel pour que s'arrête "ce calvaire qui dure depuis quatre ans".

La condamnation, suspendue par l’appel, lui impose de rembourser le préjudice, soit la somme astronomique de 4,9 milliards d’euros, ce qui fait de lui, selon son avocat de l’époque, "l'homme le plus lourdement condamné de l'Histoire".

Les échanges lors du procès s’annoncent rugueux entre les deux parties à l’image des attaques des dernières semaines. Me David Koubbi a déposé deux plaintes contre la Société générale, pour escroquerie au jugement et pour faux et usage de faux. De son côté, la banque a riposté avec deux plaintes en dénonciation calomnieuse.

La cour, qui examinera le dossier à partir de lundi et jusqu'à la fin du mois, devra dire dans son délibéré, sans doute à l'automne, si elle confirme la culpabilité de Jérôme Kerviel et sa responsabilité civile. La défense plaide la relaxe.