, envoyé spécial au Sénégal – Khadija Doukali, candidate UMP, estime que sa double nationalité franco-marocaine assoit sa légitimité pour représenter les Français du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest dans la 9e circonscription des Français de l'étranger.
FRANCE 24 : Pour la première fois, les Français de l’étranger auront des représentants élus à l’Assemblée nationale. Vous briguez le poste dans la 9e circonscription des Français de l’étranger. En quoi va constituer votre fonction si vous êtes élue ?
Khadija Doukali : Jusqu’ici, seuls quelques sénateurs et les conseillers de l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger) représentaient les Français de l’étranger. Les questions les concernant étaient ainsi le plus souvent retoquées à l’Assemblée nationale car, la plupart du temps, les députés de l'Hexagone ne connaissent pas leur quotidien. Il faut qu’une personne, en l’occurrence un député, incarne des propositions de loi afin de les porter avec force devant l’ensemble des élus de la République. Ce sera le rôle des députés des circonscriptions de l’étranger. Et moi, je m’engage à travailler main dans la main avec les autres élus de l’étranger, quelque soit leur appartenance politique.
F24 : Quelles sont les principales réformes que vous portez avec votre candidature ?
K. D. : La base de tout, c’est la reconnaissance du statut des Français de l’étranger. Il n’est pas normal qu’ils aient moins de droits que ceux de l’Hexagone. Par exemple, aujourd’hui ils paient le prix fort pour l’éducation de leurs enfants. Je veux me battre pour promouvoir la gratuité de l’école publique pour tous les Français et la mise en place de tickets d’enseignement pour les instituts semi-privés. Le système de bourses proposé par le PS n’a rien de neuf, il existe déjà. Il s’inscrit parfaitement dans la ligne des socialistes qui ne cessent de matraquer les classes moyennes.
Par ailleurs, le statut fiscal des Français de l’étranger est à revoir intégralement, car ils en ont marre d’être sans cesse assimilés à des exilés fiscaux. Tout ce qu’ils demandent, c’est l’équité et les mêmes droits
F24 : Certains de vos rivaux ont remis en cause votre légitimité à briguer ce poste de député. Que leur répondez-vous ?
K. D. : Je suis une candidate tout à fait légitime, je suis née et je vis toujours au Maroc, le pays le plus peuplé de Français de toute la circonscription. Je ne me suis pas découverte tout d’un coup. Mon investiture n’est pas tombée du ciel. Par contre, je me demande pourquoi des personnes ayant toujours vécu en France ont décidé, du jour au lendemain, de se lancer dans cette circonscription. Peut-être auraient-ils préféré une circonscription en France mais cela leur a été refusé… Comprendre l’Afrique demande du temps, il faut avoir les deux pieds dedans. Quand je me déplace dans les 16 pays de la circonscription, les gens m’appellent "Khadija l’Africaine". Je la connais par cœur cette circonscription, je me suis rendue dans des pays où les autres candidats ne sont pas allés : Cap Vert, Sierra Leone, Mali. Réserver ses déplacements aux pays à forte réserve d’électeurs est une forme d’opportunisme.
F24 : Vous vous présentez dans une circonscription à priori difficile pour la droite. La gauche y a réalisé des scores importants lors de la dernière présidentielle. Êtes-vous confiante malgré tout ?
K. D. :Tout à fait confiante ! Les scores des présidentielles de 2007 et 2012 sont en effet défavorables à la droite, mais je note que la droite l’a emporté lors de l’élection des conseillers de l’AFE. Si les gens vont au-delà des étiquettes politiques et votent pour des candidats sincères et qui les comprennent, j’ai toutes mes chances. J’ai rencontré beaucoup de gens de gauche qui ne sont pas satisfaits du candidat investi par le Parti socialiste et qui vont voter pour moi.
F24 : Il y a un an, des députés de droite, dont celui qui est ensuite devenu le premier secrétaire d’État aux Français de l’étranger, ont porté une proposition de loi prévoyant de déchoir de la nationalité française ceux qui ne payaient pas d’impôts en France. Quel regard portez-vous sur cette initiative ?
K. D. : C’était tout à fait malheureux et l’ancien secrétaire d’État aux Français de l’étranger a fait amende honorable [Edouard Courtial avait fini par retirer sa signature de la proposition de loi]. J’y vois la preuve de la nécessité d’avoir des députés des Français de l’étranger, ceux-ci auront aussi un rôle pédagogique auprès de ceux siègent à leurs côtés à l’Assemblée nationale. Je note d’ailleurs que la création d’un secrétariat d’État aux Français de l’étranger avait été critiquée par la gauche à l’époque. Pourtant le gouvernement Ayrault a décidé de conserver ce poste. Mais je ne veux pas polémiquer, je suis prête à travailler en bonne intelligence avec la nouvelle secrétaire d’État pour défendre les droits des Français de l’étranger.
Candidats de la 9e circonscription :
1. M. Bertrand VITU : Remplaçant : Mme Rachida EL AMRANI.
2. M. Yves PAUMIER. Remplaçant : M. Guy PIROD.
3. Mme Laetitia SUCHECKI. Remplaçant : M. Jean LEMAIRE.
4. M. Yannick URRIEN. Remplaçant : M. Matthias HEBERT.
5. M. Karim DENDENE. Remplaçant : Mme Véronique BRIGAUD.
6. M. Alexandre FOULON. Remplaçant : M. Tristan CALAS.
7. Mme Frédérique RUGGIERI. Remplaçant : M. Patrick COLLIER.
8. Mme Alexandra PIEL. Remplaçant : M. Franck LEVESQUE.
9. Mme Sihame ARBIB. Remplaçant : Mme Leïla BALI.
10. Mme Aicha GUENDOUZE. Remplaçant : M. Fode SYLLA.
11. M. Alain LE MOULLEC. Remplaçant : M. Mohamed KHATIRI.
12. Mme Khadija DOUKALI. Remplaçant : M. André DUCLOS.
13. M. Pouria AMIRSHAHI. Remplaçant : Mme Martine VAUTRIN DJEDIDI.
14. M. Zine-Eddine M'JATI. Remplaçant : Mme Laurence BONNETERRE-BERNOUSSI.