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Damas nie toute responsabilité dans le massacre de Houla

Après le massacre de plus de 92 personnes à Houla, les condamnations internationales se multiplient. Le ministère des Affaires étrangères syrien nie toute responsabilité du régime dans la tuerie et annonce l'ouverture d'une enquête.

AFP - Le régime syrien a nié dimanche toute responsabilité dans la mort d'une centaine de personnes vendredi à Houla (centre), attribuant le massacre à des terroristes et annonçant l'ouverture d'une enquête.

"Nous réfutons totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste qui a visé les habitants", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, deux jours après la mort d'une centaine de civils dont 32 enfants de moins de 10 ans, tués selon l'opposition dans des bombardements menés par les forces gouvernementales.

M. Makdissi a précisé que les autorités allaient mettre sur pied une commission d'enquête pour faire la lumière sur le massacre, qui a suscité une vague de condamnations internationales.

La répartition des minorités religieuses en Syrie

Le porte-parole a aussi annoncé que l'émissaire international Kofi Annan allait se rendre lundi en Syrie, où le cessez-le-feu dont il avait obtenu l'entrée en vigueur il y a un mois et demi est largement ignoré.

Condamnant "dans les termes les plus sévères ce massacre terroriste", M. Makdissi a présenté la version du gouvernement concernant les faits s'étant déroulés à Houla, dans la province de Homs.

Vendredi à 14H00, "des centaines d'hommes armés se sont rassemblés à bord de pick-up chargés (...) d'armes lourdes, de mortiers, de mitrailleuses lourdes", a-t-il assuré.

"Les forces terroristes se sont dirigées vers cette zone qui est protégée par les troupes gouvernementales (...) et ont attaqué les postes militaires", a-t-il poursuivi, affirmant que ces "terroristes" avaient utilisé "des missiles antichars" pour la première fois dans le conflit.

Plus de 13 000 personnes tuées en Syrie depuis le début de la révolte

Plus de 13.000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences depuis le début mi-mars 2011 de la révolte en Syrie contre le régime du président Bachar al-Assad, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Au moins 9.183 civils, 3.072 membres des forces gouvernementales et 794 déserteurs ont péri dans la répression, les combats et les attentats qui secouent le pays depuis plus de 14 mois.

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 12 avril -systématiquement violé depuis--, au moins 1.881 personnes, dont 1.260 civils ont péri dans les violences.

L'OSDH décompte comme civil tous les Syriens non militaires, y compris ceux qui ont rejoint des milices pour combattre le régime. (AFP)
 

"Aucun char n'est entré et aucun canon n'était dirigé contre ces zones (...). Les troupes gouvernementales n'ont pas quitté les lieux. Elles étaient en position d'auto-défense", a-t-il affirmé.

Mais à la suite de l'attaque présumée des hommes armés, "les troupes ont riposté en légitime défense et les combats se sont arrêtés vendredi à 23H00", a-t-il expliqué.

Sans se prononcer explicitement sur les auteurs de la tuerie, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, avait confirmé samedi "l'usage d'artillerie tirée depuis des chars".

Après que la télévision officielle a diffusé des images du massacre de Houla, M. Makdissi a fait remarquer que "les enfants ont été tués d'une balle dans la tête". "Cette méthode ne relève pas des valeurs de l'armée syrienne héroïque".

Affirmant que le massacre n'était "pas dans l'intérêt de l'Etat syrien", il a critiqué les pays qui "se sont empressés de condamner l'Etat syrien (...) en se basant seulement sur ce que disent les opposants ou sur ceux qui ont des agendas politiques hostiles à la Syrie".

Selon le porte-parole, le ministre des Affaires étrangère syrien Walid Mouallem s'est entretenu avec M. Annan et l'a informé en détail de ce qui s'est passé à Houla, et de l'ouverture d'une enquête officielle.

Réagissant à un rapport du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui affirme que les opposants contrôlent désormais des parts "importantes" de certaines villes, M. Makdissi a soutenu que les rebelles "contrôlaient des quartiers et non pas des villes".

"S'il y a des villes (rebelles), il est du droit constitutionnel de l'Etat de protéger ses civils et d'en chasser" les insurgés, a-t-il affirmé, appelant M. Ban à être "plus professionnel" dans ses rapports.

Appelant l'opposition au "dialogue", il a signalé par ailleurs que le président Bachar al-Assad "disposait de la majorité nécessaire pour transformer la Syrie en démocratie comme le souhaitent les Syriens".

La Syrie est dominée depuis 40 ans par le clan Assad.