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Affaire Timochenko : Hollande menace de boycotter l'Euro-2012

À deux semaines de l’Euro, François Hollande a rappelé jeudi que la situation en Ukraine constitue un "problème". Allusion à l’affaire Timochenko (photo) qui pourrait justifier un boycott politique du tournoi. Et il n’est pas le seul à y penser.

"J’aime beaucoup le football, mais ce qui se passe en Ukraine est un problème". Une menace à peine voilée du président français, jeudi, à l’endroit de Kiev, en marge du sommet informel de l’Union européenne (UE) à Bruxelles. François Hollande risque donc de ne pas assister aux matches de l’Euro-2012 en Ukraine, prévu du 8 juin au 1er juillet.

Une démarche qui vise à mettre la pression sur les autorités ukrainiennes au sujet du sort réservé à l’ex-Premier ministre, Ioulia Timochenko. L’opposante a été condamnée en octobre 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir, à l’issue d’un procès controversé.

Quand l’affaire Timochenko s’invite à l’Euro-2012

Depuis cette condamnation, des voix se sont élevées en Europe pour demander à l’Ukraine la libération de Ioulia Timochenko. "Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont discuté, lors du Conseil des affaires étrangères du 14 mai, des conséquences à en tirer pour la relation UE – Ukraine et la participation d’autorités politiques européennes à l’Euro-2012 de football", explique Bruno Valero, porte-parole du Quai d’Orsay.

José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, avaient déjà annoncé en avril leur intention de ne pas prendre part aux rencontres sportives de l’Euro en Ukraine. Conséquence : aucun membre de la Commission ne se rendra dans l’ancienne république soviétique pendant le déroulement de l’événement sportif.

Même son de cloche du côté de plusieurs autres hauts responsables européens. Le "Financial Times Deutschland" indiquait le mois dernier qu’Angela Merkel ne se rendrait pas non plus en Ukraine "si aucun progrès n’était constaté" dans l’affaire Timochenko.

Herman Van Rompuy, président de l’UE, William Hague, chef de la diplomatie britannique, voire l’ensemble du gouvernement autrichien, ont déjà fait savoir publiquement qu’ils ne se rendront pas à Kiev.

Varsovie trouve "injustifié" le boycott de l’Euro-2012

L’Ukraine n’est pourtant pas le seul hôte du tournoi européen. C’est une co-organisation avec la Pologne. À Varsovie, les autorités ne cachent plus leur inquiétude face à tous ces appels répétés au boycott de l’Euro-2012. "Nous y avons placé trop d’efforts et trop d’argent, explique Donald Tusk, le Premier ministre polonais, qui considère comme 'injustifiée' toute tentative pour lier le sport à la politique.

Pas d’agitation cependant à Kiev. Pour Oleg Volochine, porte-parole du gouvernement ukrainien, l'"Euro-2012 est un événement sportif et les hommes politiques européens qui ne se rendront pas aux matches ne boycotteront pas le pouvoir ukrainien mais le championnat de football".

Le ministre suédois des Affaires étrangères semble également partager cette position. Carl Bildt avoue avoir "du mal à considérer que la participation ou non à des matches de football soit le principal instrument de la politique européenne". Le diplomate appelle l’UE à recourir aux mécanismes "nettement plus forts". Pour que l’Europe l’emporte sur Kiev.