Tokyo, Madrid et Istanbul se disputeront durant 15 mois le droit d'accueillir les Jeux olympiques 2020. La ville de Doha, au Qatar, a été écartée de la course mercredi par le Comité international olympique (CIO).
AFP - En l'excluant de la campagne olympique pour les JO-2020, le CIO a clairement signifié à l'opulent Qatar son refus de lui accorder un nouvel événement planétaire après le Mondial-2022 de foot, soulignant ses handicaps structurels... et insurmontables.
Les conclusions du rapport d'experts sur lequel s'est basé le CIO pour effectuer, mercredi à Québec, un premier écrémage fatal à Doha et à Bakou, sont éclairantes.
Sur le plan technique (transports, infrastructures, compacité, soutien des autorités...), la capitale qatarie, familière de l'organisation de grands événements sportifs, n'a rien à envier à Tokyo, Madrid, encore moins à la cacophonique Istanbul, les trois villes retenues pour ferrailler jusqu'à la finale en septembre 2013.
En revanche, elle souffre d'un handicap incurable: la chaleur (près de 45 degrés) qui y règne en juillet et en août, les deux mois privilégiés par le CIO pour organiser les Jeux. Cette année, contrairement à ce qui s'était passé pour 2016, Doha avait été autorisée par le CIO, les fédérations internationales et le comités nationaux olympiques, à décaler ses dates prévisionnelles en octobre.
C'était sans compter sur le puissant lobby des diffuseurs pour qui des JO automnaux reviennent à proposer des "JO du week-end et une audience moindre", comme le souligne le rapport. En 2000, ces mêmes chaînes avaient pourtant été moins regardantes avec Sydney et ses Jeux en septembre.
Au-delà de l'obstacle de la chaleur, qui n'a pas empêché la Fifa d'offrir au Qatar le Mondial-2022, le problème de Doha est relativement limpide: Le CIO, dans sa configuration actuelle, ne veut pas d'elle malgré (ou à cause de!) les garanties financières qu'elle offre.
Pas légitime
Son président, Jacques Rogge, n'en a jamais fait mystère. En 2008, peu avant les Jeux de Pékin (pourtant elle aussi écrasée d'une chaleur prévisible), il déclarait dans une interview à l'AFP qu'"une ville de moins de 2 millions d'habitants ne (pouvait) prétendre à accueillir les Jeux". Que dire alors d'un pays de 1,7 million! Même si l'essentiel de sa population est concentré dans sa capitale.
Aux yeux du CIO, le Qatar n'est pas légitime. Le fait que son prince héritier, membre du CIO et patron de l'ex-candidature olympique, Tamim Al-Thani veuille élargir sa base et en faire l'organisateur "des JO du Moyen-Orient et du monde arabe" ne change rien.
Profondément "déçus et surpris" par la décision du CIO, mercredi à Québec, les responsables du projet annonçaient qu'ils allaient "tirer les leçons" de leur échec. A ce stade, une nouvelle candidature, pour 2024 par exemple, serait presque assurément aussi vaine que les précédentes.
"Offrir les Jeux au Qatar, ce serait exposer le CIO aux mêmes risques que la Fifa", indique par ailleurs un membre de l'institution olympique, évoquant les soupçons de corruption qui ont entouré l'octroi du Mondial-2022 au pays du Golfe.
"Le Qatar organise déjà beaucoup d'événements, ils ont la Coupe du monde, ce qui n'est pas rien", avait ajouté Jacques Rogge au moment de l'exclusion du pays pour la course aux JO-2016.
Il semble qu'il devra s'en contenter encore longtemps.