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Le juge en charge de l'enquête sur l'attentat de samedi à Brindisi, ville du sud de l'Italie, où un élève a été tué et cinq autres blessés, a indiqué à la presse que le drame était "probablement l'œuvre d'une seule personne".

AFP - Les enquêteurs suivaient la piste d'un "acte isolé", le geste d'une personne "en guerre avec le reste du monde" au lendemain d'un attentat devant un lycée du sud de l'Italie, un fait sans précédent qui a causé la mort d'une élève et blessé grièvement cinq autres.

"Ce pourrait être un geste isolé, pas nécessairement un acte terroriste", a déclaré devant la presse dimanche, le procureur de Brindisi Marco Di Napoli. Il pourrait s'agir du "geste d'une personne en guerre avec le reste du monde ou qui a des problèmes psychologiques", a-t-il ajouté.

Le procureur a noté que 24 heures seulement après l'explosion, "toutes les possibilités restaient ouvertes" même si les enquêteurs "jugent improbable la piste mafieuse". "On ne peut rien exclure mais le plus probable c'est que ce soit un acte isolé", a-t-il ajouté.

Selon le magistrat, la police dispose d'un portrait-robot de l'auteur qui apparaît sur des enregistrements de caméras de surveillance installées près du lycée où on le voit en train d'appuyer sur le bouton d'une télécommande, "des images terribles". Il s'agit d'un "homme adulte, qui ne semble pas étranger", a-t-il précisé.

Pour le moment personne n'a été inculpé, même si des médias ont affirmé que deux suspects, reconnus grâce aux caméras dont l'un serait un ex-militaire à la retraite, auraient été interrogés dans la nuit de samedi à dimanche à la préfecture, avant d'être relâchés.

L'attentat commis avec trois bonbonnes de gaz reliées entre elles et dissimulées dans un conteneur poubelle s'est produit vers 7H45 (5H45 GMT) samedi devant un lycée professionnel spécialisé dans les métiers de la mode et du tourisme.

L'explosion a tué presque sur le coup Melissa Bassi, 16 ans et blessé très grièvement une camarade du même âge. Quatre autres jeunes filles souffrent de graves brûlures et coupures ayant nécessité des interventions de chirurgie esthétique.

Selon le procureur, le ou les auteurs de l'attentat "connaissaient le contexte du lycée et avaient calculé l'heure pour frapper", a-t-il précisé, en soulignant aussi qu'ils "sont experts en électronique". Il y avait "volonté de provoquer un massacre", a-t-il dit.

Dimanche, pendant que des anonymes et des voisins déposaient fleurs et messages devant la grille du lycée, le proviseur Angelo Rampino n'arrivait toujours pas à s'expliquer les motifs de la tragédie: "c'est une première qu'en Italie on s'attaque à une école, il faut que tout le pays se révolte, on ne peut pas accepter cela".

Lors de la prière dominicale du matin, le pape Benoît XVI a dénoncé le "vil attentat" qui a coûté la vie à Melissa Bassi.

Le lycée porte le nom de Francesca Morvillo Falcone, de l'épouse du célèbre juge

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L'attentat pourrait être le fait d'une personne isolée
L'attentat de Brindisi n'aurait pas de lien avec le crime organisé, selon la justice

anti-mafia Giovanni Falcone, tuée avec lui par la mafia sicilienne dans un attentat à l'explosif dont le 20è anniversaire sera commémoré mercredi prochain.

Cette coïncidence et le passage prévu non loin de Brindisi d'une "Caravane de la légalité" ce week-end, avait déclenché des spéculations sur une éventuelle piste mafieuse. Mais dès samedi, les enquêteurs avaient émis des doutes, soulignant que la mafia locale, la Sacra Corona Unita est décimée, et excluant une action d'une autre des quatre mafias italiennes.

Selon le procureur, même si "toutes les possibilités restent ouvertes", les enquêteurs "jugent improbable la piste mafieuse".

Une autre hypothèse inquiétait les enquêteurs: le terrorisme, alors que tout récemment le 7 mai, un dirigeant du groupe public Finmeccanica a été blessé par des tirs aux jambes par deux motards, une attaque revendiquée deux jours plus tard par une cellule anarchiste.

Les dizaines de milliers de manifestants qui se sont mobilisés spontanément samedi de Rome à Milan en passant par Florence et Naples, ont dit craindre un retour des années de plomb du terrorisme. A l'époque, plus de 15.000 attentats commis par les Brigades rouges d'extrême gauche et le terrorisme noir néo-fasciste manipulé par les services secrets avaient fait plus de 400 victimes entre les années 70 et 80.

Dans le journal Messagero de dimanche, la ministre de l'Intérieur Annamaria Cancellieri, a souhaité que "ce ne soit pas le premier signal d'un retour à la stratégie de la tension".

L'Italie vit une situation particulière, qualifiée par certains de "vide politique" avec un gouvernement technique dirigé par l'ex-commissaire européen Mario Monti, alors que le pays est plongé dans une récession qui a provoqué un profond malaise social.