À la veille de l'investiture du président Poutine,la police et des opposants se sont affrontés dimanche à Moscou au cours d'un rassemblement anti-régime. Plus de 250 manifestants ont été interpellés parmi lesquels le blogueur Alexeï Navalny.
AFP - Un rassemblement contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine, à la veille de son investiture, a été marqué par des violences dimanche à Moscou, la police frappant les manifestants avec des matraques et interpellant nombre d'entre eux, dont des leaders de l'opposition.
Plus de 400 personnes ont été interpellées, a précisé une source policière à l'agence Itar-Tass. Parmi eux se trouvent trois dirigeants de l'opposition: le leader du Front de Gauche, Sergueï Oudaltsov, le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny et l'ancien vice-Premier ministre Boris Nemtsov.
M. Oudaltsov a été interpellé par la police alors qu'il s'adressait à une foule de manifestants depuis une scène installée sur la place Bolotnaïa, située sur une petite île délimitée par la Moskova.
Il scandait des phrases telles que "Nous ne partirons pas d'ici", ce à quoi la foule répondait en choeur "Nous sommes le pouvoir".
Juste auparavant, de violents heurts ont éclaté en face de cette place entre des manifestants et la police, selon une journaliste de l'AFP.
Les forces de l'ordre, déployées en masse sur un pont permettant l'accès à la place, tentaient d'empêcher le passage de manifestants. Ces derniers ont alors voulu le forcer et la police les a roués de coups de matraques.
La police a, elle, déclaré dans un communiqué que des manifestants avaient jeté des pierres et des bouteilles d'eau à son encontre.
Quatre policiers ont été blessés, a précisé cette même source.
Une source médicale, citée par l'agence Interfax a cependant fait état de 27 blessés, dont 20 policiers.
L'opposition avait appelé ses partisans à se réunir dimanche pour une "marche des millions" contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine.
La marche, qui a débuté vers 11H00 GMT aux abords de la place Kaloujskaïa, a réuni des dizaines de milliers de personnes selon l'opposition, mais 8.000 selon la police.
Durant leur marche vers la Place Bolotnaïa, des opposants ont brièvement tenté d'organiser un sit-in en face de la place. MM. Oudaltsov et Navalny faisaient partie de ces opposants.
Dans un entretien téléphonique avec la chaîne de télévision indépendante Dojd, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, a estimé qu'il ne fallait pas "surdramatiser la situation" et a condamné "les provocations" qui ont fait dégénérer le rassemblement.
Il a ajouté que d'après lui les forces de l'ordre avaient agi de manière "douce" avec les manifestants.
L'hétéroclite coalition d'opposition russe, composée de mouvements et de personnalités allant de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les libéraux, avait réuni cet hiver jusqu'à 100.000 personnes.
Mais depuis l'annonce de la victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle en mars, le mouvement semblait s'essouffler, faute de leader et de véritable stratégie.
Le chef du parti d'opposition Iabloko s'est d'ailleurs distancé dimanche de M. Oudaltsov, qualifiant ses actions de "stupides", notamment lorsqu'il a divisé la manifestation en appelant à un sit-in.
"S'il continue à agir comme ça, de moins en moins de personnes vont venir aux manifestations", a estimé Sergueï Mitrokhine, selon Interfax.
M. Poutine, après quatre ans comme Premier ministre, fera lundi à la mi-journée son retour à la présidence qu'il avait laissée en 2008 à Dmitri Medvedev faute de pouvoir assurer, en vertu de la Constitution, un troisième mandat consécutif.
L'opposition a appelé ses partisans à suivre en silence le cortège de M. Poutine lors de la cérémonie d'investiture, en s'équipant d'un ruban blanc, symbole de la contestation.
Elu pour un mandat de six ans, M. Poutine devra tenir compte du mécontentement d'une frange de la population après avoir été confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au sommet du pouvoir en 2000 en raison notamment d'accusations de fraudes aux législatives de décembre et à la présidentielle en mars.
Dimanche le Front populaire --une organisation pro-pouvoir composée de personnalités d'associations, de syndicats et de collectifs d'entreprises-- a par ailleurs également réuni près de 30.000 de ses partisans sur le mont Poklonnaïa, selon la police.