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Sortie de crise en Guadeloupe, appel à la grève à La Réunion

Alors qu'un accord de sortie de crise a été signé en Guadeloupe, un autre mouvement se profile à quelques milliers de kilomètres de là, à La Réunion, où un collectif a lancé un mot d'ordre de grève pour mardi.

AFP - La Guadeloupe a signé un accord de sortie de crise après 44 jours d'une grève générale paralysante, mais La Réunion lui a aussitôt emboîté le pas avec l'annonce pour mardi d'une grève reconductible, la Martinique poursuivant ses laborieuses négociations.

En Guadeloupe, Elie Domota, dirigeant emblématique du collectif LKP qui menait la grève générale, a signé dans la nuit de mercredi à jeudi un accord de fin de conflit appelant "à la reprise de l'activité normale".

Ce texte, extrêmement détaillé, compte 165 articles aussi bien sur le prix de la baguette, l'embauche d'enseignants ou l'octroi de billets d'avions à prix réduits. Il récapitule les avancées obtenues sur les 146 revendications initiales du LKP en faveur du pouvoir d'achat.

L'accord "Jacques Bino" prévoyant une augmentation de 200 euros des bas salaires lui est annexé.

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, s'est réjoui de cette "sortie de crise" tout comme le préfet Nicolas Desforges, qui a appelé la Guadeloupe à mettre "les bouchées doubles" pour se remettre de la grève, et le président (PS) de l'île Victorin Lurel, qui a salué un "accord historique".

Mais aussitôt l'accord signé, Elie Domota a appelé ses troupes "à rester mobilisées et à continuer à se battre" pour étendre "dans toutes les entreprises de Guadeloupe" les hausses de salaire.

Dans les entreprises, l'heure est au bilan. Même si "techniquement" aucun dossier ne pourra être enregistré avant "une semaine ou deux", beaucoup craignent la faillite. Le Trésorier payer général a annoncé un moratoire sur les créances fiscales et les charges sociales. Et le maire de Pointe-à-Pitre demande à être déclaré "ville sinistré" pour faciliter la prise en charge par les assurances.

En Martinique, paralysée par une grève d'un mois, les négociations sur les prix et les salaires avançaient "trop lentement" de l'avis des syndicats et du patronat. Concernant les deux sujets capitaux de négociation -salaires et prix-, les commissions ad hoc se sont octroyé la journée pour "réfléchir".

Afin de ne pas pénaliser les personnes les plus en difficulté, les bureaux de Poste ont rouvert jusqu'au 13 mars mais uniquement pour verser les RMI, retraites, etc.,  sans faire d'autres opérations.

A la Réunion, à plusieurs milliers de kilomètres de distance, un collectif rassemblant une quarantaine d'organisations, de syndicats et de partis politiques de gauche, le Cospar, a lancé un mot d'ordre de grève pour mardi, à l'issue de deux manifestations à Saint-Denis et Saint-Pierre, qui ont rassemblé entre 12.000 (préfecture) et 35.000 personnes (organisateurs).

Comme aux Antilles, la principale revendication porte sur une hausse de 200 euros nets des bas salaires.

Le préfet de l'île, Pierre-Henry Maccioni, a aussitôt annoncé une première série de mesures, dont une baisse du prix de la bouteille de gaz et du carburant. Mais tout en se défendant de vouloir copier la Guadeloupe, le collectif a maintenu son mot d'ordre de grève afin de "maintenir la pression en vue des négociations à venir".

La police a évacué un barrage installé par des jeunes à l'entrée de la Route du littoral, l'un des principaux axes de la Réunion.

A Paris, le ministre du Budget Eric Woerth a souhaité que "le dialogue social puisse renaître" dans les DOM, chiffrant entre 200 et 250 millions d'euros le coût des mesures en leur faveur en 2009.

L'extrême-gauche, elle, a salué la force du mouvement social en outre-mer.