De nouvelles poursuites ont été demandées à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn, dans l'affaire du Carlton de Lille. Déjà mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", il pourrait être également inquiété pour "viol en réunion".
REUTERS - Les juges chargés de l'enquête sur un réseau de prostitution impliquant Dominique Strauss-Kahn ont demandé de nouvelles poursuites pour viol en réunion contre l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et trois proches, a-t-on appris vendredi au parquet de Lille.
Les juges ont transmis fin mars au parquet une ordonnance dite de "soit-communiqué", la procédure habituelle en la matière, a dit une porte-parole, confirmant une information du journal Libération.
Cette démarche, qui consiste à porter à la connaissance du procureur des faits nouveaux en vue de poursuites, s'appuie sur la déposition d'une prostituée qui avait rencontré Dominique Strauss-Kahn à Washington en décembre 2010, quand il était
directeur général du FMI.
Dominique Strauss-Kahn nie toute violence et conteste la violation du secret de l'instruction, remarquant qu'elle intervient à deux jours du second tour de l'élection
présidentielle, ont dit ses avocats dans un communiqué.
"Le parquet est en train d'analyser cette demande (des juges)", a dit la porte-parole du procureur. Il y a deux options possibles, un refus ou une ouverture d'enquête préliminaire de police, a-t-elle précisé.
Dans ce dernier cas, l'issue serait un classement sans suite ou l'ouverture d'une nouvelle information judiciaire. Il n'est semble-t-il pas question de joindre ces faits à l'information judiciaire en cours où Dominique Strauss-Kahn et ses proches
sont poursuivis pour proxénétisme.
Pas de plainte
Selon la déposition à l'origine de la requête des juges d'instruction, Dominique Strauss-Kahn aurait imposé un rapport sexuel brutal à cette jeune femme avec l'aide de ses amis entrepreneurs lillois David Roquet et Fabrice Paszkowski et celle du policier Christophe Lagarde.
La jeune femme n'a cependant pas porté plainte.
Dominique Strauss-Kahn est déjà mis en examen depuis le 26 mars pour "proxénétisme aggravé en bande organisée", des faits passibles de 20 ans de réclusion criminelle après un éventuel procès en cour d'assises. Le viol est aussi un crime passible de 20 ans de réclusion en cour d'assises.
L'ancien favori des sondages pour la présidentielle a été placé sous contrôle judiciaire par trois juges d'instruction avec obligation de verser une caution de 100.000 euros. Il était rentré des Etats-Unis en septembre 2011 après l'abandon des poursuites par le parquet de New York dans une affaire d'agression sexuelle présumée sur une femme de chambre en mai.
Le parquet de Paris a ensuite enquêté mais classé sans suite pour prescription, tout en jugeant les faits établis, une autre plainte de l'écrivain Tristane Banon visant des faits présumés remontant à 2003 à Paris.
L'ancien ministre a sollicité l'annulation des poursuites pour proxénétisme, car il conteste les faits, expliquant qu'il ignorait que les femmes rencontrées étaient des prostituées.
Ses avocats ont réagi vendredi aux nouveaux soupçons de viol en déplorant une violation du secret de l'instruction qui, notent-ils, "intervient opportunément à la veille du second tour des élections présidentielles alors que l'ordonnance des magistrats date du 28 mars".
"Ses avocats rappellent que M. Strauss-Kahn conteste absolument avoir commis la moindre violence de quelque nature que ce soit, que les déclarations faites par les jeunes femmes sont contradictoires", écrivent-ils. "Les informations déformées, l'instrumentalisation et la volonté de lynchage ne peuvent se substituer indéfiniment à la réalité", ajoutent-ils.
Lors d'une conférence de presse tenue après sa mise en examen, ils avaient déjà rejeté l'accusation de proxénétisme, estimant qu'on cherchait à faire un procès à leur client sur le terrain de la morale en raison de ses moeurs "libertines".