logo

Un an après la mort de Ben Laden, 17 de ses lettres sont révélées au public

Un an après la mort du leader d'Al-Qaïda, 17 lettres trouvées dans sa résidence d'Abbottabad, au Pakistan, ont été déclassifiées et rendues publiques. Rédigées entre 2001 et 2006, elles témoignent des questionnements et inquiétudes de Ben Laden.

AFP - Les 17 lettres rendues publiques jeudi parmi les milliers de documents récupérés par les Etats-Unis dans la résidence d'Oussama Ben Laden à Abbottabad montrent les débats internes à Al-Qaïda et les inquiétudes d'un chef reclus mais qui restait en contact avec ses affidés.

Lors de l'opération commando du 2 mai 2011 contre Ben Laden, les Navy Seals ont mis la main sur une "mine d'or" de renseignements: des dizaines de disques durs, des ordinateurs et des clés USB représentant des milliers de documents qui ont permis aux analystes d'établir un journal de route d'Al-Qaïda.

La déclassification de 17 de ces "lettres d'Abbottabad" intervient à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Ben Laden, un succès majeur pour Barack Obama que le président américain ne manque pas de rappeler en pleine campagne électorale pour sa réélection.

Rédigées entre septembre 2006 et avril 2011 sur ordinateur ou manuscrites, elles totalisent 175 pages en arabe et 197 en anglais et sont publiées sur le site internet du Combating Terrorism Center (CTC) de l'académie militaire de West Point.

Elles n'apportent que peu de révélations, la plupart des informations ayant déjà fuité au cours de l'année écoulée. Elles laissent néanmoins apparaître l'inquiétude que Ben Laden ressent pour son fils Hamza qui se trouve à la merci d'une frappe de drone dans les zones tribales pakistanaises où nombre de militants d'Al-Qaïda ont été tués.

Le chef d'Al-Qaïda s'inquiète également pour l'image de son organisation et de ses différentes branches, dont les attentats provoquent des "victimes civiles inutiles" et ont pour conséquence de s'aliéner la population musulmane. "Nous demandons à chaque émir dans les régions de faire extrêmement attention à contrôler le travail militaire" et "d'annuler d'autres attaques en raison de victimes civiles inutiles possibles", écrit-il en mai 2010.

Dans une autre lettre, non datée et non signée, l'auteur s'interroge sur l'opportunité pour Al-Qaïda de changer d'appellation car celui-ci n'a pas de connotation islamique.

"Ce nom ne permet pas faire savoir aux musulmans que nous le sommes et permet à l'ennemi de clamer de façon erronée qu'il n'est pas en guerre avec l'islam et les musulmans, mais qu'il est en guerre avec l'organisation Al-Qaïda", écrit l'auteur de la lettre.

Il propose plusieurs noms alternatifs parmi lesquels celui de Parti pour l'unification de la nation islamique ou celui de Groupe de libération d'Al-Aqsa (site saint de l'islam à Jérusalem).

D'autres lettres montrent que bien que reclus dans sa résidence, Oussama Ben Laden continuait de livrer ses directives.

En avril 2011, il conseille ainsi à la branche au Maghreb islamique (Aqmi) de garder ses otages français jusqu'à la présidentielle en France et de ne surtout pas les tuer tant que Paris bénéficie du soutien des populations musulmanes pour son intervention en Libye.

En mai 2010, il préconise d'abattre l'avion de Barack Obama ou celui du général américain David Petraeus à l'occasion d'une arrivée en Afghanistan ou au Pakistan.

Il justifie de s'en prendre au président américain parce qu'il est "à la tête des infidèles" et que sa mort propulserait son vice-président Joe Biden à la tête des Etats-Unis. Or selon lui, "Biden n'est absolument pas préparé à assumer la présidence (...), ce qui conduira les Etats-Unis dans une crise".

Certaines lettres montrent surtout les débats, voire les divisions au sein d'Al-Qaïda. L'une d'elle dénonce la violence incontrôlée du Tehrik e-Taliban Pakistan (TTP), le Mouvement des talibans du Pakistan, et dénonce les privilèges que s'est arrogé son chef Hakimullah Mehsud.

Dans une autre lettre, Ben Laden rejette une demande d'affilitation de la part des shebab somaliens sous la bannière d'Al-Qaïda, et essuie pour cela dans une autre missive les critiques implicites d'un autre haut-responsable d'Al-Qaïda, sans doute Ayman al-Zawahiri, qui a pris la tête de l'organisation après sa mort.

Les documents sont consultables à l'adresse www.ctc.usma.edu.