Soucieux de convaincre les abstentionnistes de voter pour François Hollande, des groupes de militants socialistes multiplient les opérations porte-à-porte. Reportage à Nîmes (Gard), où le Front national a enregistré un bon score lors du premier tour.
À une semaine du second tour de l'élection présidentielle française, FRANCE 24 s’est joint à une petite équipe de militants socialistes qui sillonne les environs de Nîmes, dans le Gard (Sud). Au niveau local, les enjeux sont grands pour le Parti socialiste (PS). Le Gard est le seul département où le Front national (FN) est arrivé en première place lors du premier tour du scrutin.
Même si les sondages donnent près de 10 points d’avance à François Hollande, ses partisans n’ont pas rangé leurs tracts. Pour la première fois, le PS a lancé une importante campagne de porte-à porte dans des quartiers traditionnellement acquis à gauche, où l’abstention est forte.
Une méthode inspirée des campagnes électorales américaines
Les militants possèdent des listes de foyers abstentionnistes à partir desquelles ils organisent leur tournée, selon des méthodes inspirées par l'équipe de Barack Obama en 2008.
Chaque militant reçoit une formation portant sur les techniques de vente et se lance, avec optimisme et de grands sourires, à la quête de voix. Les directives sont précises. Et les interventions minutées. "Les gens qui ne sont pas d’accord avec nous ont droit à deux minutes, celles qui le sont à cinq", explique Laurent Thomas, un jardinier de Nîmes, qui a parcouru la ville tous les soirs de ces quatre dernières semaines.
"Nous sommes toujours polis et nous ne nous disputons jamais avec les gens, indique-t-il. S’ils ne veulent pas nous parler, nous suivons simplement notre chemin. Notre mission est d’informer autant de personnes que possible à propos de
François Hollande. Nous ne sommes pas là pour convertir qui que ce soit. Nous voulons avant tout que les gens aillent voter le 6 mai."
Des électeurs de Le Pen évasifs
Dans les rues, les riverains semblent surpris par la présence de tous ces militants aux manteaux rouges. Kevin Boucard, 31 ans, assure que la "méthode Obama" fonctionne et que l’équipe a réussi à couvrir presque toute la ville dans les semaines ayant précédé le vote. "Les gens n’ont pas l’habitude de ce type d’approche directe en France, assure-t-il. Plusieurs de nos militants ont un peu peur d’approcher les gens directement mais ils arrivent rapidement à surmonter leur timidité."
Dans une région où 25 % des électeurs ont choisi
Marine Le Pen lors du premier tour de l’élection, les militants frontistes sont étonnamment évasifs. Depuis la fenêtre de sa maison, une mère de deux enfants affirme à FRANCE 24 : "J’ai voté pour Le Pen au premier tour. Je m’abstiendrai au second. Je ne voterai ni pour Hollande, ni pour Sarkozy." Elle n’a pas voulu être nommée ou photographiée.
Le porte-à-porte prend fin à 20h30 "pour ne pas déranger les gens à l’heure du dîner" et pour permettre à l’équipe de se réunir et d'échanger sur le travail abattu durant la journée. "C’est un moment important, on apprend les uns des autres et cela nous fait sentir bien", affirme Thomas.