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Sarkozy et Hollande commémorent tous deux le génocide arménien

Les deux finalistes de la présidentielle française ont réaffirmé leur volonté de faire adopter un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915 lors des commémorations de ce mardi à Paris, où ils se sont rendus l'un après l'autre.

AFP - Nicolas Sarkozy et François Hollande n'entendent ni l'un ni l'autre céder un pouce sur le vote arménien: ils ont tour à tour, mais sans se croiser, commémoré mardi à Paris l'anniversaire du génocide arménien de 1915.

Ils ont tenu, par leur présence à une cérémonie commémorant le 97ème anniversaire du génocide arménien, à confirmer leur engagement mutuel à faire adopter rapidement un texte de loi réprimant la négation du génocide arménien de 1915.

Arrivé le premier vers 19h00 place du Canada, au pied de la statue de l'ecclésiastique Komitas, arrêté et torturé en 1915, le candidat socialiste a répété son engagement de faire adopter une loi réprimant la négation du génocide de 1915.

"Quelles que soient les pressions qui s'exercent, je tiendrai bon, votre histoire ne sera jamais oubliée parce qu'elle ne pourra plus être contestée", a lancé M. Hollande.

Le temps de changer de pupitre et le chef de l'Etat a succédé à la tribune à son adversaire, sous les mêmes acclamations de la foule.

M. Sarkozy s'est lui aussi réjoui de l'unanimité politique française réalisée autour de la cause arménienne. "Les idées que je vais défendre sont des idées qui, me semble-t-il, sont partagées très au-delà des frontières partisanes", a-t-il souligné, avant de répéter sa promesse de faire adopter une loi punissant la négation du génocide arménien.

"En tant que chef de l'Etat, je dois m'incliner devant la décision du Conseil constitutionnel mais pas devant mes convictions donc j'en fait le serment devant vous (...) un nouveau texte sera présenté dès le mois de juin", a-t-il dit.

Le Conseil constitutionnel a censuré, le 28 février dernier, une loi votée le mois précédent par le Parlement qui pénalisait la négation du génocide arménien de 1915, la jugeant contraire à la liberté d'expression.

Le vote de cette loi, par des parlementaires de tous bords, gauche et droite confondues, avait donné lieu à une gigantesque brouille entre Paris et Ankara.

Dès la décision du Conseil constitutionnel connue, Nicolas Sarkozy avait promis un nouveau texte prenant en compte la décision des Sages.

François Hollande, déjà candidat PS à la présidentielle, s'était également empressé d'annoncer qu'il reprendrait, s'il était élu président, la question du génocide arménien "dans l'apaisement et la tranquillité", soulignant que la date choisie pour cette proposition de loi n'avait "pas forcément été la meilleure".

La communauté arménienne en France compte environ 600.000 membres, surtout dans les régions parisienne et marseillaise.

Quelque 1,5 million d'Arméniens, hommes, femmes et enfants, ont été massacrés, selon les historiens, en Anatolie entre 1915 et 1917.

La Turquie reconnaît que jusqu'à 500.000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation forcée vers la Syrie ou le Liban, alors provinces ottomanes, mais réfute toute volonté d'extermination.

Au Parlement, le texte de loi UMP avait été adopté par une très large majorité, malgré des voix discordantes à gauche comme à droite.

Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, ardent partisan d'un rapprochement avec la Turquie, s'y était opposé, la qualifiant de "pas opportune".

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait accusé le président Sarkozy de "rechercher des gains électoraux en utilisant la haine du musulman et du Turc".

Dans la matinée, le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, avait rendu hommage aux victimes du génocide. A cette occasion, Viguen Tchitechian, co-président du CCAF, avait rappelé que les Français d'origine arménienne "attendaient du prochain président de la République qu'il mette tout en oeuvre cette fois-ci pour que la loi pénalisant la négation du génocide arménien soit effectivement adoptée et fasse partie des lois de la République".