Le handball est-il de gauche ? Le sport collectif français le plus titré est en première ligne parmi les soutiens de François Hollande. Et une autre figure de ce sport s’apprête à rallier le socialiste : Claude Onesta, l’entraîneur des Bleus.
Le candidat socialiste François Hollande a divulgué peu avant le premier tour de l’élection présidentielle 103 noms de sportifs ou de personnalités du sport lui apportant leur soutien. La multitude des disciplines représentées (25) dans cette liste est à souligner, tout comme l’absence des sportifs français les mieux payés (footballeurs, tennismen, basketteurs). Un vide compréhensible tant la proposition du candidat socialiste de taxer à 75% les revenus supérieurs à un million d’euros par an a été condamnée, notamment par la famille du football.
Sur 103 noms, 17 sont issus du monde du handball, sport le plus représenté dans cette liste derrière l’athlétisme (19). On y retrouve notamment l’entraîneur de l’équipe de France féminine Olivier Krumbholz (champion du monde en 2003 ; vice-champion du monde 1999, 2009, 2011), l’ancien mentor de l’équipe masculine Daniel Costantini (champion du monde 1995 et 2001), l’ancien international Joël Abati (champion olympique 2008 et double champion du monde 2001 et 2009), mais également des joueurs ou joueuses encore en activité à l’image de la capitaine de l’équipe de France féminine Amélie Goudjo.
Pour la joueuse du club d’Issy-Paris, il n’y a pas de raison que les sportifs aient peur d’afficher leurs convictions politiques. Elle le dit au micro de FRANCE 24 :
Interview Amélie Goudjo (Handball) sur son engagement pour François Hollande (PS)
Le handball est-il de gauche ? L'ancienne ministre des Sports (1997-2002) Marie-George Buffet avait affirmé à l’occasion d'un entretien sur le sport et le communisme que "le handball a toujours été un sport populaire, un sport de gauche."
Le sélectionneur de l’équipe de France masculine Claude Onesta (champion olympique 2008 et double champion du monde 2009 et 2011) n’est pas totalement d’accord avec l’ancienne ministre. Il l’explique au micro de FRANCE 24.
Claude Onesta, entraîneur de l'équipe de France de Handball : "le Handball est-il de gauche ?"
L’entraîneur le plus titré dans le sport collectif français n’est pas présent dans liste de soutien de François Hollande, pourtant ce ne sont pas les sollicitations qui ont manqué. Mais pour Onesta, il convient de faire une distinction entre "le citoyen Onesta" et le personnage public qu’il est devenu.
Interview Claude Onesta (Handball) sur son choix lors de la présidentielle
Quant bien même l’entraîneur de l’équipe de France de handball n’a pas apporté officiellement son soutien à un candidat lors du premier tour de l’élection présidentielle, il a précisé sa pensée lors d’un entretien avec FRANCE 24 quant à son vote du deuxième tour : "Je prendrais position au second tour de manière très officielle pour François Hollande".
Claude Onesta (Handball) : "Je prendrai position au second tour pour François Hollande"
Ce choix n’est pas réellement une surprise. Dans un entretien accordé au "Monde" le 7 janvier dernier, Onesta s'était en effet livré à une critique de la droite au pouvoir.
"Le pouvoir actuel rend la crise internationale responsable de l'échec des politiques nationales. Je suis obligé de penser que ce sont les amis des dirigeants actuels qui ont mis en œuvre cet ultralibéralisme destructeur, et, par ce fait, je les considère eux-mêmes comme responsables. J'ai l'impression qu'ils ne savent pas où ils vont, mais ils nous expliquent qu'il faut y aller quand même."
Richardson mobilisé contre le FN
Ce n'est pas la première fois que les handballeurs s'impliquent en politique. En 2004, Joël Abati avait participé à la campagne de Georges Frêche (ex-PS) aux régionales de 2010 en Languedoc-Roussillon.
Des années auparavant, en juin 1995, Jackson Richardson, tout juste sacré meilleur joueur du monde, décide de s’engager alors que l’extrême droite vient de se hisser au second tour des municipales à Vitrolles, ville du club avec lequel il est devenu champion de France et champion d’Europe.
Le futur porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux de Sydney en 2000 appelait alors ses concitoyens à être "tous ensemble contre Mégret, pour plus d'amitié, de compréhension et de tolérance".
"Vous êtes fiers de moi et vous me l'avez souvent montré. Moi aussi je suis fier de vous représenter dans le monde entier. Et pourtant, je vais être obligé de vous quitter la semaine prochaine si Mégret devient maire de Vitrolles," ajoutait alors le Réunionais.
A l'époque capitaine de Vitrolles, Philippe Gardent menacait de quitter le club pour les mêmes raisons : "Le Front national défend des idées qui vont radicalement à l'encontre de celles que nous défendons farouchement dans notre sport. La tolérance, le respect de l'autre, la solidarité, le refus total de toute discrimination".
Bruno Mégret ne sera pas élu. Mais début 1997, le Conseil d’Etat fait refaire les élections. Catherine Mégret devient maire de Vitrolles, la même année Richardson part pour l’Allemagne.