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Les revenus du pétrole au cœur du conflit entre les deux Soudan

Le président sud-soudanais, Salva Kiir (photo), a accusé son homologue du Nord, Omar el-Béchir, d'avoir déclaré la guerre à son pays. Une nouvelle étape dans un conflit dégageant une forte odeur de pétrole...

De forts relents d’or noir plane au-dessus de l'escalade militaire entre le Soudan et le Soudan du Sud. Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a affirmé mardi 24 avril lors d’un déplacement en Chine que Khartoum avait “déclaré la guerre” à son pays. Accusations auxquelles le voisin du Nord n’a toujours pas répondu. Il n'empêche, les tensions entre les deux États semblent de plus en plus les éloigner de la voie pacifique. L’aviation soudanaise aurait bombardé, mardi, l'État sud-soudanais d’Unité. Un assaut terrestre contre la capitale régionale serait également imminent, selon les autorités de cette province.

“La question du pétrole est l’élément déclencheur dans le contexte d’un conflit très complexe et ancien”, analyse Daniel Litvin, directeur de Critical Resource, un cabinet britannique de conseils spécialisé dans les ressources naturelles. Des tensions confessionnelles ont toujours servi de toile de fond depuis la fin des années 1950 aux conflits entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, dont la population est chrétienne ou animiste. Deux guerres civiles plus tard (1955-1972 et 1983-2005), le processus de paix aboutira, en juillet 2011, à l'indépendance du Soudan du Sud.

Depuis lors, le Nord et le Sud s'affrontent sur la répartition des revenus pétroliers. Une question d'autant plus vitale que l'économie des deux pays dépend quasi exclusivement de la manne de l'or noir. L'accord sur l'indépendance du Sud prévoit qu'en théorie les deux États doivent recevoir chacun 50 % de l’argent provenant de la vente de l'hydrocarbure soudanais. Mais ni le Sud, où sont situés plus de 80 % des champs de pétrole et qui produit l’essentiel des 500 000 barrils de brut par jour (b/j.), ni Khartoum, qui contrôle tous les moyens de raffineries et d’exportation de pétrole, ne s'en satisfont.

C’est de cette interdépendance subie qu'est né le conflit actuel. “Le problème central est que le Soudan du Sud juge, à tort ou à raison, que le Khartoum lui impose des taxes trop élevées pour utiliser son pipeline”, explique à FRANCE 24 Henry Hall, spécialiste de la région africaine et asiatique pour Critical Resource. Une situation qui pousse le Sud à tenter de contourner le voisin honni et construisant un pipeline passant par le Kenya et l’Ouganda... Au grand dam de Khartoum.

Tensions à la frontière

Mais le problème du pétrole n’est pas qu’une question de partage de revenus. Les ressources d’or noir les plus importantes et qui nécessitent le moins de raffinage se trouvent dans les régions frontalières revendiquées aussi bien par le Nord que par le Sud. C’est ainsi que le Soudan du Sud s’est attiré les foudres de la communauté internationale lorsqu’il a pris militairement le contrôle, le 10 avril, de l’important champ pétrolier de Heglig appartenant au Nord. Sous la pression internationale, les forces armées de Salva Kiir se sont retirées du site le 20 avril. Dans la foulée, le président du Soudan, Omar el-Béchir, s'est  rendu sur place, où il a déclaré qu'il fallait négocier avec le Soudan du Sud à l'aide "de fusils et des balles”.

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Qui est Salva Kiir ?
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“Tous ces incidents et le contexte explosif de guerre du pétrole donne l’impression que le conflit armé est en effet inévitable”, regrette Henry Hall. Une grande puissance a pourtant intérêt à éviter tout conflit armée au Soudan : la Chine. “C’est elle qui a fait du Soudan une puissance pétrolière importante”, rappelle Daniel Litvin. Pékin importe 5 % de son pétrole du Soudan qui est, après l’Angola, son deuxième fournisseur africain d’or noir.

Pour Pékin, le Soudan représente un paradis du pétrole, où les grands groupes américains n’ont pas le droit de cité. Un eldorado pétrolier qui est en train de se transformer, au fil de l'escalade militaire, en cauchemar...