Les Pays-Bas s'acheminent vers l'organisation d'élections législatives anticipées après l'explosion de la coalition minoritaire de centre-droit au pouvoir, soutenue au Parlement par le parti d'extrême droite de Geert Wilders.
AFP - Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a convoqué lundi matin un conseil des ministres extraordinaire qui devrait ouvrir la voie à des élections législatives anticipées, après l'échec samedi des négociations sur la réduction du déficit public.
"Vers le Binnenhof (le siège du gouvernement, NDLR) pour le conseil des ministres : la principale préoccupation, c'est comment nous allons maintenir l'économie et les finances sur les rails", a tweeté en début de matinée le vice-Premier ministre et ministre de l'Economie Maxime Verhagen, chef de file du parti chrétien-démocrate (CDA).
L'accord de gouvernement conclu entre le parti libéral (VVD) de Mark Rutte et le CDA de M. Verhagen, qui forment une coalition gouvernementale de centre-droit minoritaire, avec le parti d'extrême droite de Geert Wilders qui avait accepté de les soutenir au parlement, a fait long feu au bout d'un an et demi à peine.
Mark Rutte devrait se rendre chez la reine Beatrix lundi dans la journée, à l'issue du conseil des ministres destiné à tirer les leçons de l'échec des négociations, qui a démarré à 07H30 GMT.
Depuis le 5 mars, Mark Rutte, Maxime Verhagen et Geert Wilders, à la tête du Parti pour la liberté (PVV), islamophobe et eurosceptique, s'étaient retrouvés presque chaque jour au Catshuis, la résidence de travail du Premier ministre à La Haye.
Leur mission : s'entendre sur les mesures à prendre pour dégager 16 milliards d'euros d'économie afin de réduire le déficit public des Pays-Bas qui a atteint 4,7% du PIB en 2011, bien au-delà de la norme de la zone euro de 3%.
Durant sept semaines, rien ou presque n'avait filtré sur la teneur des discussions, les négociateurs ayant décidé de garder le silence dans les médias.
Geert Wilders, dont le parti assurait au gouvernement une majorité de 76 sièges sur 150 jusqu'à la démission le 21 mars de l'un de ses députés, avait créé la surprise samedi en quittant le Catshuis en voiture, sans mot dire.
Une heure et demie plus tard, Mark Rutte et Maxime Verhagen annonçaient l'échec de sept semaines de négociations. "Les trois partis ont échoué à trouver des réponses communes", regrettait Mark Rutte avant d'ajouter que des élections législatives anticipées semblaient "évidentes".
Le paquet de mesures sur la table des négociations prévoyait notamment une légère hausse de la TVA, un gel du salaire des fonctionnaires et une réduction du budget de la santé et de l'aide aux pays en développement.
"Ce projet n'était pas dans l'intérêt des électeurs du PVV", avait commenté Geert Wilders : "Nous ne voulons pas soumettre à une saignée nos pensions à cause du diktat de Bruxelles".
"La bombe que le chef du PVV Geert Wilders a lancé contre le gouvernement Rutte plonge les Pays-Bas dans l'incertitude", soulignait lundi le quotidien de gauche Volkskrant, selon lequel "aucun des acteurs principaux ne pouvait prédire dimanche ce qui va se passer".
Selon les analystes, les Pays-Bas risqueraient de perdre le précieux triple A dont ils bénéficient auprès des trois principales agences de notation financière.
Le gouvernement minoritaire de Mark Rutte avait été formé à l'issue d'élections anticipées organisées après la chute en février 2010 du gouvernement du chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende en raison de désaccords au sein de la coalition de centre-gauche sur la prolongation de la mission militaire néerlandaise en Afghanistan.