Cliquez, vous êtes fichés ! Autrefois, la police fichait les criminels, les délinquants, les artistes et les homosexuels. Aujourd’hui, le plus grand fichier est totalement ouvert. Ce ne sont plus les policiers qui le remplisse mais nous-mêmes, en surfant sur les réseaux sociaux. le Journal de l’Intelligence économique d’Ali Laïdi a enquêté dans le monde interlope du fichage des citoyens.
Jean Cocteau, Pablo Picasso, Joséphine Baker… ou Adolphe Hitler… Tous épinglés au fichier central du Ministère de l’Intérieur français. Les raisons : ils étaient homosexuels, étrangers ou activistes politiques. Bref, aux yeux de la police, tous suspects… comme les criminels, les prostitués et les vagabonds.
Leurs fiches, les Archives Nationales à Paris les ont présentées au public le temps d’une exposition " Tous fichés " à l’automne 2011. Le temps de constater que le fichage des criminels s’est vite élargi à l’ensemble des citoyens.
Car l’objectif de l'Etat, c’est le contrôle des masses. Et les nouvelles technologies lui facilitent le travail puisqu’il s’agit désormais du fichage informatique universel. Empreintes digitales, iris et même notre ADN sont stockés sur des puces. Depuis les attentats du " 11 septembre ", la biométrie est le nouveau bras armé du fichage. Pour le co-organisateur de l’exposition, " C'est une solution hi-tech un peu magique mise en avant par les pouvoirs publics pour résoudre les problèmes de sécurité que ce soit le terrorisme, l'immigration clandestine ou les problèmes de fraude ".
Mais dans cette frénésie sécuritaire, chaque citoyen devient un suspect potentiel. D'où les menaces sur nos libertés et notre sécurité. Christophe-Alexandre Paillard, ancien Directeur de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) nous rappelle d’ailleurs l’intrusion qu’avait faite Google Street View dans la vie de millions d’individus. En effet, en prenant des photos des rues du monde, le logiciel avait, au passage, capter toutes les données passant sur les bandes WIFI à ce moment-là. Numéros de cartes bancaires, téléchargements de fichiers… tout était passé entre les mains de la célèbre entreprise américaine !
Détournement de fichiers, utilisation abusive des données personnelles, espionnage… Il reste qu’aujourd'hui, Big Brother s’appelle Facebook. Le réseau social aux centaines de millions d’utilisateurs est devenu le plus grand fichier du monde. Alors, certains tirent la sonnette d’alarme.
Max Schrems est un étudiant autrichien. Il a demandé à Facebook toutes les informations que le site détient sur lui. Il a reçu une pile de 1200 pages de données. Certaines de ces informations viennent de lui, mais la plupart, c'est Facebook qui les a rassemblées sans lui demander son autorisation. Du coup, Max a déposé plainte contre le site pour violation de la vie privée.
Bref, Facebook nous suit partout ! Et mieux que la CIA ou l’ex KGB ! Finalement, il s’agit d’un contrôle que les états aimeraient bien partager… D’où leur réticence à poursuivre le célèbre site. Et selon Max, c’est même auprès de Facebook que les états feraient des demandes d’informations !
Facebook, mieux renseigné que les services secrets ? Une chose est sûre, les internautes nourrissent eux-mêmes Big Brother. Alors cliquez… Vous êtes fichés !