logo

Le procès du drame de Port-Saïd s'est ouvert au Caire

Deux mois après le drame de Port-Saïd, où 70 personnes avaient été tuées au cours d'un match de football, le procès des 75 personnes inculpées pour violences s'est ouvert dans la confusion, mardi. Tous ont plaidé non coupable.

AFP - Le procès de 75 personnes inculpées pour les violences qui avaient fait plus de 70 morts à l'issue d'un match de football en février à Port-Saïd, dans le nord de l'Egypte, s'est ouvert mardi au Caire dans une ambiance survoltée, les accusés plaidant non-coupable.

Le procès du pire drame du football égyptien, et l'un des plus meurtriers de l'histoire du football mondial, a lieu dans la capitale pour des raisons de sécurité, sous forte protection des forces de l'ordre.

Les accusés, portant l'habit blanc des détenus, ont plaidé non-coupable à l'ouverture de l'audience et récusé les charges de meurtre avec préméditation et de port d'armes prohibé pesant sur eux.

Dans des scènes chaotiques retransmises en direct à la télévision, certains ont crié "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand") ou sont montés sur des bancs à l'intérieur de l'espace grillagé réservé aux accusés, mettant en cause des responsables des services de sécurité jugés dans la même affaire.

L'un des accusés a crié qu'il avait été convoqué en tant que témoin, mais s'était retrouvé inculpé à sa grande surprise.

A l'extérieur, plusieurs centaines de supporteurs du club Al-Ahly du Caire, que soutenaient aussi nombre des victimes à Port-Saïd, ont manifesté pour demander l'exécution des prévenus et l'interdiction du club rival, Al-Masry.

Le procureur a quant à lui accusé les supporteurs d'Al-Masry de s'en être pris à leur rivaux d'Al-Ahly "par vengeance en raison de différends antérieurs, et pour montrer leur force".

Le président du tribunal a dû par deux fois suspendre l'audience, à laquelle participaient des membres des familles des victimes. Certains, en pleurs, portaient des portraits des disparus.

Le magistrat a ensuite ajourné le procès au 5 mai, date à laquelle commenceront les auditions de témoins.

Neuf policiers se trouvent parmi les personnes poursuivies dans ce drame, dont le bilan officiel se monte à au moins 73 morts et 254 blessés, selon l'agence égyptienne Mena.

Les violences avaient éclaté le 1er février au stade de Port-Saïd après le coup de sifflet final du match, au cours duquel Al-Masry, un club de Port-Saïd, avait fait subir sa première défaite de la saison (3-1) à Al-Ahly, une prestigieuse équipe du Caire.

Des centaines de supporteurs d'Al-Masry avaient envahi le terrain et lancé des pierres et des bouteilles en direction de ceux d'Al-Ahly.

Les violences de Port-Saïd avaient relancé la contestation contre l'armée, au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, de nombreux témoins et responsables politiques pointant du doigt l'inertie des forces de l'ordre et les failles du dispositif de sécurité.

Dans les jours ayant suivi le drame, des milliers de personnes avaient défilé contre les forces de l'ordre, et des violences entre policiers et manifestants avaient fait 16 morts au Caire et à Suez (nord).

Des supporteurs d'Al-Ahly, les "Ultras", sont réputés pour leur soutien actif à la révolte anti-Moubarak de l'année dernière, et leur participation à des manifestations contre le pouvoir militaire qui ont suivi.

Une enquête parlementaire a mis en cause la négligence de la police, l'accusant d'avoir sous-estimé la possibilité d'affrontements dans le stade de Port-Saïd, alors même que des supporteurs avaient quitté les lieux parce qu'ils redoutaient des violences.

Signe de tensions persistantes, de nouveaux affrontements ont eu lieu fin mars à Port-Saïd après la mort d'un adolescent de 13 ans lors de heurts entre policiers et supporteurs du club Al-Masry protestant contre la suspension de leur équipe pour deux saisons.