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Les deux candidats ont compté leurs forces à Paris, dimanche. Des dizaines de milliers de personnes se sont réunies place de la Concorde et devant le château de Vincennes, les premières pour soutenir Nicolas Sarkozy, les secondes François Hollande.

Paris, ring électoral. À une semaine exactement du premier tour de la présidentielle française, Nicolas Sarkozy et François Hollande, les candidats de l’UMP et du Parti socialiste (PS), avaient donné rendez-vous à leurs partisans dans la capitale pour compter leurs forces, ce dimanche.

Place de la Concorde, Nicolas Sarkozy, dont les intentions de vote connaissent un

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"Je parle au peuple de france, je parle à tous ceux qui sont préocuppés pour l'avenir de leurs enfants." Nicolas Sarkozy

tassement dans les derniers sondages, a ainsi tenté de remobiliser ses troupes entre les Champs-Élysées et le jardin des Tuileries. Imaginé comme une "lame de fond populaire" par l'UMP, ce rassemblement autour du président-candidat, dernier de cette envergure avant le scrutin, a attiré quelque dizaines de milliers de militants et de sympathisants.

Dans son discours, Nicolas Sarkozy les a enjoints à se rassembler derrière sa candidature, tout en appelant aussi ceux qu’il nomme la "majorité silencieuse" à se rallier à lui.

La Concorde, tout un symbole

"Je veux parler au peuple de France, pas à la gauche ou à la droite", a-t-il ainsi déclaré, avant de décliner, 35 minutes durant, différents thèmes de son programme devant un auditoire à la moyenne d’âge élevée. Rappelant sa volonté d’enrayer la crise, Nicolas Sarkozy a également évoqué la tenue d’un débat sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans le soutien de la croissance de la zone euro s’il est réélu, avant de proposer de généraliser le système de la "faillite civile" en vigueur en Alsace, qui permet d'effacer les dettes des familles surendettées.

Ponctuant son discours de références aux grandes figures de l’Histoire de France - Napoléon, De Gaulle, Victor Hugo -, le candidat Sarkozy a largement évoqué aussi les symboles d’une France dont il se veut l’héritier. "La Concorde est une idée, pas une place", a-t-il asséné, rappelant les évènements ayant marqué le lieu. En 2007 déjà, c’est à cet endroit qu’il avait célébré sa victoire face à Ségolène Royal.

Mais, selon les militants rencontrés sur place, cinq ans plus tard, le visage du chef de l’Etat a changé. "Il a beaucoup travaillé. Ce doit être dur de commander la France !", lance ainsi Serge, 65 ans, retraité du bâtiment, qui se reconnaît dans la valeur travail prônée par Nicolas Sarkozy. "La gauche, c’est moins vous travaillez, plus vous en avez !", ajoute celui-ci en commentant l’affiche de campagne du président sortant diffusée par l’un des écrans géants installés au pied de l’obélisque.

Jacqueline et Michel, âgés de 76 et 77 ans respectivement, affirment, eux, ne voir "personne qui puisse remplacer" l’actuel chef de l’État, avant de pointer les "lacunes" du candidat socialiste.

L'ombre de Mélenchon

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"Je serai le président de la fin des privilèges." François Hollande

Un candidat socialiste qui, lui, ne se trouve qu’à quelques stations de métro de là, sur l’esplanade du château de Vincennes, où plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont également rassemblées pour le soutenir. Ici, quelques heures après la fin du marathon de Paris, l’heure est plutôt au sprint final. Or, "l’important, dans un sprint, c'est de ne pas se faire doubler, surtout sur la gauche", sourit Maxime, un militant socialiste qui a eu le temps de courir ses 40 km avant de venir écouter François Hollande. L'allusion est claire : même si, dans les rangs socialistes, tout le monde a en tête "l'autre meeting" de la place de la Concorde, c'est bien l'ombre de Jean-Luc Mélenchon qui plane sur le rassemblement.

À la tribune, même s'il s'en défend, François Hollande pense lui aussi au candidat du Front de gauche, sur les terres duquel il braconne en cette fin de campagne. En ce dimanche, ne lui a-t-il d’ailleurs pas emprunté l’idée des grands rassemblements en plein-air comme Jean-Luc Mélenchon les a multipliés ces dernières semaines ? En outre, après un déplacement à Clermont-Ferrand avec l'ancien ministre communiste Robert Hue jeudi dernier, le candidat socialiste sera, mardi prochain, en meeting à Lille… ville dirigée par la première secrétaire du PS, Martine Aubry, qui incarne une ligne bien plus radicale que la sienne au sein du parti.

Ainsi, si la moitié du discours que François Hollande prononce devant une assemblée compacte est réservée à l'offensive contre la politique sarkozyste, c'est par un appel au vote utile que celui-ci commence : "Je dis aux Français de ne pas se disperser, de ne pas faire un vote sans lendemain", lance-t-il avant d'invoquer la mémoire de l'ancien président François Mitterrand, "qui disait à la veille du premier tour, en 1981 : 'Je suis le seul candidat de la gauche en mesure de l'emporter'".

Une heure plus tard, après avoir retrouvé des accents mitterrandiens en évoquant le "rêve français" (le leitmotiv de sa campagne) et le Front populaire, le candidat socialiste lance à nouveau son appel : "Tous ceux qui veulent ce changement doivent l'assumer dès le 22 avril". "Il a fait le job, et vous allez voir, Mélenchon ne l'empêchera pas de gagner dimanche prochain !", commentent Elodie, Florian et leurs amis d'une section parisienne du PS après l'intervention de François Hollande.

À l’issue de leur meeting respectif, droite comme gauche abordent la dernière ligne droite avant le premier tour requinquées.