S'adressant au Congrès américain, le Premier ministre Gordon Brown a opéré une mise en garde contre les risques du protectionnisme. Il a également invité l'Iran à "cesser ses menaces" pour rejoindre la communauté internationale.
REUTERS - Les Etats-Unis doivent profiter du climat politique actuel pour arracher le monde à la récession, mais d'autres pays ont aussi un rôle à jouer, a déclaré Gordon Brown mercredi devant le Congrès américain.
S'adressant aux parlementaires des deux chambres, le Premier ministre britannique a exhorté l'Amérique à résister au protectionnisme, à combattre le changement climatique et à tirer parti de l'élan de bonne volonté qui se manifeste en sa faveur depuis l'élection du président Barack Obama.
"Vous avez à l'heure actuelle les dirigeants européens les plus pro-américains de mémoire d'homme. Des dirigeants soucieux de mieux coopérer entre eux afin de coopérer plus étroitement avec vous. Il n'y a pas de vieille Europe, pas de nouvelle Europe, il n'y a que votre amie l'Europe", a-t-il dit.
Brown est le premier dirigeant européen à se rendre chez Obama, démocrate qui a succédé le 20 janvier au républicain George W. Bush, qui s'était aliéné beaucoup de pays d'Europe par une politique étrangère jugée unilatérale.
Le leader travailliste a noté que si l'Amérique pouvait agir en chef de file, elle ne pouvait pas, avec le seul soutien d'une poignée d'autres pays, assumer tout le fardeau que représente le rétablissement de la croissance dans l'économie mondiale, qui traverse sa crise la plus grave depuis des décennies.
"Alors, travaillons ensemble à la réduction mondiale des taux d'intérêt et à une relance mondiale à la mesure de la profondeur de la récession et du redressement que nous devons accomplir", a-t-il dit.
Brown, qui accueillera un sommet du G20 le 2 avril à Londres, appelle de ses voeux une action coordonnée à laquelle participeraient non seulement les Occidentaux mais aussi des pays comme la Chine et l'Inde :
"Imaginez simplement à quel point chacune de nos actions, si on les conjugue, peuvent former un ensemble infiniment plus grand que la somme de ses parties - toutes les banques stabilisées, et pas seulement quelques-unes ; pour la relance fiscale, un impact multiplié parce que tout le monde s'y met."
"DES BATAILLES NOUVELLES ET DIFFÉRENTES"
Brown a été ovationné à 19 reprises pendant son discours devant le Congrès à majorité démocrate. Il a émaillé ses propos d'allusions à la "relation spéciale" qu'entretiennent la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, avec probablement l'espoir que la qualité de l'accueil qui lui est réservé outre-Atlantique redore son blason d'homme d'Etat dans son pays.
"Dans le passé, des Premiers ministres britanniques sont venus au Capitole en temps de guerre pour parler de guerre. Je viens aujourd'hui parler de batailles nouvelles et différentes que nous devons livrer ensemble ; parler d'une économie mondiale en crise et d'une planète en danger", a déclaré Brown.
"Je crois que votre nation, qui a été capable d'envoyer un homme sur la Lune, est aussi celle qu'anime la capacité de protéger et de préserver notre planète, la Terre."
Brown a dit que des leçons devaient être tirées de la crise économique, et notamment le fait que des instruments financiers conçus pour répartir les risques avaient au contraire propagé la maladie.
"Les institutions financières actuelles sont si entremêlées qu'une mauvaise banque, où qu'elle soit, est une menace pour de bonnes banques situées ailleurs", a-t-il dit.
"Devons-nous donc nous laisser entraîner vers le fond et vers un protectionnisme dont l'histoire nous dit qu'au bout du compte il ne protège personne ? Non. Nous devons avoir l'assurance de pouvoir saisir les occasions qui nous attendent et de faire en sorte que l'avenir travaille pour nous."
Ces propos sur le protectionnisme étaient prononcés devant un Congrès qui a irrité certains de ses partenaires commerciaux le mois dernier en incluant une clause affirmant la nécessité d'"acheter américain" dans le programme de relance de 787 milliards de dollars des Etats-Unis.
Brown, qui a eu mardi des entretiens avec Obama, avait déclaré à la presse avant son discours que les mesures nécessaires ne se limitaient pas à la relance économique et devaient comporter une réforme des instances de régulation ainsi qu'un renforcement du rôle des institutions internationales.