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Le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, a été investi le 12 avril à la tête du Mali. Portrait d’un homme politique expérimenté, dont la marche vers la présidence a été accélérée par le coup d’État du 22 mars.

Il ambitionnait de devenir président par les urnes, mais c’est finalement un putsch qui va, indirectement, le porter à la tête du Mali. Le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, a été investi le 12 avril chef de l’État par intérim, après la démission officielle, le 8 avril, du président Amadou Toumani Touré (dit "ATT").

ATT a été renversé le 22 mars par une junte militaire emmenée par le capitaine Amadou Sanogo, mais ce dernier n’est jamais parvenu à asseoir son autorité à la tête de l’État. Pressé par la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et confronté à l’avancée des rebelles dans le nord, le chef des putschistes a été contraint de signer, le 6 avril, un accord de passation de pouvoir.

Conformément à la Constitution malienne, la fonction de chef de l’État par intérim a été confiée à Dioncounda Traoré en sa qualité de président de l’Assemblée nationale, poste qu’il a occupé pendant cinq ans.

Un candidat privé d’élection

Dioncounda Traoré était en pleine campagne présidentielle au moment du putsch du 22 mars. Lui qui comptait notamment sur Internet et les réseaux sociaux pour promouvoir sa candidature à la présidentielle a depuis laissé à l'abandon ses comptes Twitter et Facebook...

La présidence, Dioncounda Traoré s’y était préparé, lui qui comptait parmi les favoris de l’élection présidentielle qui devait se tenir le 29 avril 2012. Candidat de la plus grande formation politique du pays, l'Alliance pour la Démocratie au Mali (Adéma-PASJ), il avait déjà lancé sa campagne électorale quand le coup d’État militaire est survenu le 22 mars dernier.

Il s’est depuis rendu au Niger et au Burkina Faso, où il s’est beaucoup entretenu avec les chef d’État des pays voisins du Mali pour tenter de trouver une solution à la crise politique.

Il n’est revenu au Mali que le samedi 7 avril, dans un avion en provenance de Ouagadougou, le coup d’État avorté d’Amadou Sanogo le portant vers la magistrature suprême dans des conditions qu’il n’avait pas prévu. À sa sortie de l’appareil, il a confié sa première déclaration à RFI : "Notre pays a besoin d’unité, notre pays a besoin de souveraineté, notre pays a besoin de son armée pour recouvrer l’ensemble de son territoire".

Compagnon d’Alpha Oumar Konaré

Homme politique expérimenté, Dioncounda Traoré est né le 23 février 1942 à Kati, une ville-garnison située sur les hauteurs de Bamako. Ironie du sort, c’est dans cette ville qu’a été initié le coup d’État du 22 mars.

Après des études à l’étranger et notamment en France, il est nommé directeur général de l'Ecole nationale d'ingénieurs (ENI) de Bamako. Il se lance alors dans la politique et devient l’un des pères fondateurs de l’Adéma-PASJ, parti qui portera au pouvoir Alpha Oumar Konaré, le premier président démocratiquement élu au Mali (1992).

Il enchaîne ensuite les portefeuilles ministériels puis devient député et président d’Adéma-PASJ. Il est élu président de l’Assemblée nationale le 3 septembre 2007, poste qu’il occupe encore aujourd’hui et qui lui confère la responsabilité d’assurer l’intérim d’ATT.

Désormais président par intérim, il va devoir rapidement nommer un Premier ministre et définir le calendrier électoral. "Je pense que dès mardi ou mercredi [10 ou 11 avril ndlr], je serai à même de vous faire part de la feuille de route que nous avons définie et qu’il nous appartient à tous de mettre en œuvre", a-t-il confié le 7 avril à RFI.

Selon l’accord conclu avec la Cédéao, il disposera alors de 40 jours pour organiser des élections. Ses voisins africains, ainsi que la communauté internationale, comptent sur cet homme d’État expérimenté pour mener le Mali vers des élections apaisées, alors que la moitié nord du pays est toujours contrôlée par les rebelles touareg et des milices islamistes.