Treize des dix-sept islamistes présumés interpellés vendredi vont être mis en examen pour détention d'armes et association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes, a annoncé le procureur de Paris ce mardi.
Treize des dix-sept islamistes présumés interpellés et placés en garde à vue vendredi dernier ont été déférés devant des juges antiterroristes et devraient être mis en examen pour détention d'armes et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a annoncé ce mardi 3 avril François Molins, le procureur de Paris, en conférence de presse.
Le parquet a demandé le placement en détention provisoire de neuf membres ou sympathisants du groupe salafiste Forsane Alizza ("Les cavaliers de la fierté") visé par cette procédure. Quatre autres ont été placés sous contrôle judiciaire. Les treize prévenus encourent une peine de 10 ans de prison.
La semaine passée, les interpellations conduites par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et la section antiterroriste (SAT) de la police judiciaire parisienne ont permis la saisie d'une vingtaine d'armes de première et quatrième catégories, dont des kalachnikovs "démilitarisées" - temporairement neutralisées -, a expliqué François Molins.
Le procureur de Paris a précisé que le parquet était en possession d'éléments accréditant la thèse de la préparation d'au moins un attentat contre un juge d'instruction. Une accusation démentie dès vendredi par l'avocat de Mohamed Achamlane, leader de Forsane Alizza. Dans une interview au quotidien régional Presse-Océan, il a réfuté "toute intention terrorriste".
"Je ne connais pas de terroristes aussi stupides"
"Certaines cibles institutionnelles étaient potentiellement visées, a développé François Molins. Ainsi, d'après certaines déclarations faites au cours des gardes à vue, avait été évoqué au cours d'une réunion tenue à Lyon en septembre 2011 un projet d'enlèvement d'un magistrat lyonnais avec lequel avait eu maille à partir l'un des membres de la cellule lyonnaise."
Il a également indiqué que des vidéos postées sur Internet présentaient des membres du groupe annonçant un passage à l'acte. Il évoque notamment l'existence d'une vidéo postée en décembre sur le site web de Forsane Alizza. Ses membres y menaçaient la France d'une guerre si Paris ne retirait pas ses forces armées déployées dans des territoires à majorité musulmane.
Philippe Missamou, l'un des avocats d'Achamlane, répond à ces accusations au micro de FRANCE 24 : "Les armes qui ont été trouvées à son domicile sont inactives, donc inutilisables, neutralisées. Comment pouvez-vous imaginer un seul instant que des gens qui envisageraient d'enlever des personnalités aussi importantes qu'un magistrat, que des journalistes, puissent faire état de leur projet en public ? En tous cas, je ne connais pas de terroristes aussi stupides."
Entraînement physique et endoctrinement
Ce n'est pas la première fois que le groupe Forsane Alizza est visé par les autorités françaises. En février dernier, la cellule islamiste radicale, fondée en 2010 et particulièrement active sur le web, avait été dissoute par le ministère de l'Intérieur.
Au début du mois de mars, une information judiciaire avait été ouverte pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme.
Le groupuscule, qui était placé sous surveillance depuis octobre 2011, organisait des entraînements physiques dans les parcs et forêts de la région parisienne, a poursuivi François Molins. Il a également expliqué que les membres et sympathisants de Forsane Alizza étaient soumis à un endoctrinement idéologique qui visait à conduire le djihad en France.
Le magistrat a, par ailleurs, écarté tout éventualité d'un lien entre cette affaire et l'affaire Merah, du nom de l'auteur des tueries de Toulouse et de Montauban abattu le 22 mars dernier.