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Kofi Annan exige de Damas un cessez-le-feu "immédiat"

Alors que l'armée syrienne continue de bombarder des bastions de la rébellion, l'émissaire de la Ligue arabe a réclamé la mise en œuvre "immédiate et complète" du plan de règlement du conflit dont Damas a accepté le principe.

AFP - Le régime syrien a intensifié vendredi ses opérations militaires contre les villes rebelles malgré sa promesse de faire réussir la dernière mission de paix, suscitant l'impatience de l'émissaire Kofi Annan qui a demandé un cessez-le-feu "immédiat".

Dans le même temps, les militants, déçus par le sommet arabe qui s'est contenté jeudi d'appeler régime et opposition au dialogue, ont appelé à des manifestations pour dénoncer l'inaction des pays de la région qu'ils accusent de les avoir "lâchés".

Les Etats-Unis, dont la secrétaire d'Etat Hillary Clinton est arrivée à Ryad pour parler de la Syrie, ont estimé que l'armée n'avait rien fait pour se conformer au plan de sortie de crise de M. Annan prévoyant le retrait des chars des villes, la fourniture d'aide humanitaire et la libération des détenus.

La répression et l'assaut des villes rebelles ne donnent en effet aucun signe de détente: M. Assad a en effet posé comme condition à la réussite du plan l'arrêt des violences commises selon lui par les "groupes terroristes", son régime ne reconnaissant pas la contestation.

Au moins 15 obus se sont abattus sur plusieurs quartiers de Homs (centre), troisième ville de Syrie, où l'armée tente d'écraser les poches de résistance. Un civil a été tué par un tireur embusqué dans la ville et deux ont péri sous les tirs en province, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), elle a procédé à des perquisitions et incendié quatre maisons près de la ville de Maaret al-Noomane, tandis que de violents combats ont éclaté entre armée et rebelles à Harasta et Erbine, près de Damas, et dans les provinces de Hama (centre) et Deir Ezzor (est), selon l'OSDH et des militants.

Les violences ont fait près de 10.000 morts, en majorité des civils, depuis le début de la contestation populaire le 15 mars 2011 selon l'OSDH.

Cette révolte s'est militarisée au fil des mois, les rebelles, principalement des déserteurs de l'armée, disant chercher à défendre leurs villes et les civils, face à l'impuissance de la communauté internationale à faire cesser la répression menée par le régime.

Jeudi M. Assad a souligné que son pays "n'épargnera aucun effort pour faire réussir" le plan Annan mais a soumis sa réussite à l'arrêt du soutien apporté selon lui aux "gangs terroristes" par des pays de la région, allusion au Qatar et à l'Arabie saoudite, accusés par Damas de financer et d'armer l'opposition.

M. Assad doit appliquer le plan Annan "maintenant", a rétorqué vendredi le porte-parole de M. Annan, émissaire conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe.

"Nous attendons de lui que le plan soit exécuté immédiatement. A l'évidence, nous n'avons pas constaté de cessation des hostilités sur le terrain. C'est notre grande préoccupation", a-t-il dit, faisant valoir que les "violations" et les "tueries" devaient cesser "maintenant".

A Washington, les responsables n'ont pas caché leurs doutes concernant les intentions du régime.

"Nous n'avons encore absolument rien vu sur le terrain qui prouve que (la Syrie) réponde aux appels demandant à ce que l'artillerie et les armes lourdes soient remisées dans les casernes et qu'un cessez-le-feu soit mis en place pour permettre à l'aide humanitaire d'être acheminée", a dit le département d'Etat.

Mme Clinton devait évoquer à Ryad avec le roi Abdallah et son homologue saoudien Saoud Al-Fayçal les efforts internationaux "pour mettre fin au bain de sang en Syrie", selon le département d'Etat, avant de participer dimanche à Istanbul à la réunion des "Amis de la Syrie" pour "accroître la pression" sur le régime.

L'Arabie saoudite et le Qatar, qui soutiennent l'armement de l'opposition --une question qui divise Arabes et communauté internationale-- ont boudé le sommet de Bagdad en n'y envoyant que des responsables de second rang.

Les dirigeants arabes ont évité d'appeler M. Assad au départ et d'apporter leur soutien à l'armement des rebelles, alors que la Ligue arabe avait élaboré un plan prévoyant le transfert des fonctions du chef de l'Etat à son vice-président.

"Les musulmans et les Arabes nous ont lâchés (...) mais Dieu est avec nous (...) et notre détermination nous apportera la victoire", ont réagi les militants sur la page Facebook The Syrian Revolution 2011 qui appelle les Syriens, comme chaque vendredi depuis un an, à manifester contre le régime.