![Et si la crise économique n'avait pas de fin ? Et si la crise économique n'avait pas de fin ?](/data/posts/2022/07/17/1658044478_Et-si-la-crise-economique-n-avait-pas-de-fin.jpg)
Le paroxysme de la crise des dettes souveraines semble passé, juge l’OFCE dans son nouveau rapport sur les perspectives pour l’économie mondiale. Mais ce "think tank" français craint que l’économie mondiale ne reste fragile pendant très longtemps.
“Il faut bien se rendre compte que nous ne sommes probablement même pas à mi-chemin de la crise économique actuelle.” Xavier Timbeau, directeur du département de prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), avait des accents de Cassandre lors la présentation, jeudi 29 mars, du rapport sur les perspectives 2012-2013 pour l’économie mondiale.
Pourtant, ce “think tank” français reconnaît que “le paroxysme de la crise des dettes souveraines est passé” et que le sauvetage de la Grèce a permis d’”interrompre la contagion de la crise grecque aux autres pays de la zone euro”. Au rayon des bonnes nouvelles, “la Banque centrale européenne est intervenue massivement ces derniers mois pour sauver le secteur bancaire européen et les États européens ont réussi à s’entendre sur plusieurs points”, résume Philippe Weill, président de l’OFCE.
Des succès qui n’effacent pas l’impression générale pessimiste qui se dégage de l’analyse de ces économistes. En 2012, la zone euro devrait connaître une “légère récession” (-0,4% du PIB des 17 États utilisant la monnaie unique) avant de retrouver une triste vitesse de croisière de 0,2% de croissance en 2013. Cette reprise économique atone “plombée par l’effet des politiques d'austérité en Europe”, selon Xavier Timbeau, ne devrait pas suffire à faire reculer le chômage.
Le meilleur du pire
Un constat qui amène l’OFCE à dresser un drôle de “meilleur des scénari possibles” : lorsqu’en 2013 la zone euro aura surmonté la crise, elle devrait rattrapper le Royaume-Uni et les États-Unis. “Si les pays de la zone euro réussissent à redresser leur déficit, les marchés pourraient alors s’inquiéter de la mauvaise forme budgétaire des États-Unis et des Britanniques, les obligeant à d’autres cures d’austérité qui pourraient entraîner une récession”, explique Xavier Timbeau.
Rien n’exclut que cette bascule ne se transforme en une sorte de mouvement perpétuel qui prolonge la crise indéfiniment... ou presque. “Il est possible que la crise dure encore une ou deux décennies”, conclut Xavier Timbeau.
L'économiste tient cependant à préciser qu'il ne s'agit que de projections et qu'"on peut espérer que les marchés ne s’attaqueront pas au dollar parce qu'il conserve son aura de monnaie étalon”. Il juge cependant que le plus efficace serait “de sortir de la logique régionale et de commencer à penser en termes globaux”. La solution passerait par un “nouveau Bretton Woods [du nom de l’accord signé en 1944 et qui mettait en place le système financier international ndlr]” où les États mettraient en place des mécanismes pour éviter qu’un pays puisse faire défaut.
La seule alternative à une crise molle - caractérisée par une légère récession ou une croissance atone - serait qu’un “pays comme l’Espagne suive le scénario grec, auquel cas la petite récession de 2012 se transformerait en crise bien plus profonde”, avertit Xavier Timbeau. Un mauvais film qui n’est pas à exclure car depuis quelques semaines les taux d’intérêt sur les obligations espagnoles remontent. Ils avaient baissés à la suite du sauvetage de la Grèce en octobre dernier et des prêts accordés aux banques par la BCE en décembre.