Pour le 10e mois consécutif, le nombre de demandeurs d'emploi a progressé en février, atteignant désormais 2,867 millions de Français. Le mois dernier a surtout été marqué par une hausse de 0,5 % des chômeurs ayant exercé une "activité réduite".
AFP - Les chiffres de février, les derniers publiés avant le premier tour, montrent un ralentissement de l'augmentation des demandeurs d'emploi sans activité mais révèlent aussi une montée de la précarité, avec une hausse plus forte du nombre de personnes ayant un peu travaillé.
Ainsi, 2,867 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité étaient dénombrés fin février en France métropolitaine (+6,2% sur un an), un niveau inégalé depuis douze ans, selon ces chiffres de la Dares (ministère du Travail).
Sur la durée du quinquennat, l'augmentation avoisine 35%, avec 730.300 demandeurs d'emploi sans activité de plus.
Ces chiffres marquent "une amélioration de la situation avec une baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs", avait annoncé dès lundi matin Nicolas Sarkozy.
Il s'agit d'un "net ralentissement" par rapport à fin 2011, s'est réjoui le ministre du Travail, Xavier Bertrand.
Pour l'économiste et chercheur au CNRS Philippe Askenazy, ils sont au contraire "le signal d'une augmentation de l'hyperprécarité", avec "une multiplication des contrats à durée déterminée très courts, parfois une semaine seulement".
En effet, le mois de février montre une évolution contrastée, "le ralentissement de la catégorie A cachant une accélération de la catégorie B".
D'un côté, la hausse (+0,2%) du nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) a nettement ralenti en février (+6.200 personnes de plus après +13.400 en janvier, +29.000 en décembre et novembre).
De l'autre, les chiffres incluant ceux ayant exercé une activité réduite (A+B+C) ont augmenté à un rythme plus soutenu (+0,5%) que le mois précédent avec une hausse de 20.400 personnes (+4.800 en janvier). Pour la catégorie B (ayant travaillé moins de 78 heures), la hausse a été de 2,4% en un mois.
Au regard de cette augmentation, Nicolas Sarkozy s'est livré "à un exercice d'autosatisfaction indécent", a estimé Alain Vidalies, responsable de l'emploi auprès de François Hollande.
L'évolution du nombre de chômeurs ayant travaillé ou non est finalement "dans la moyenne de la tendance observée" depuis le printemps 2011, souligne M. Askenazy.
Au total, 4,278 millions de demandeurs d'emploi avec ou sans activité cherchaient en février un travail en métropole (+5,8% sur un an), un million de plus qu'en mai 2007.
Il n'y a pas de rupture non plus dans la tendance, estime aussi Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "la situation du marché du travail reste tendue".
L'indicateur des entrées à Pôle emploi "montre que les entreprises ne renouvellent pas les CDD et contrats d'intérim" et les offres collectées n'augmentent que pour les contrats de moins d'un mois (+14%), signe "que les entreprises n'ont pas assez de perspectives pour embaucher".
Les seniors, qui avaient connu un répit en janvier, sont en hausse de nouveau (+1,4%) sur un mois, +15,3% en un an.
Autre signe de "poursuite de la dégradation", pour Marion Cochard: la hausse des demandeurs d'emploi de longue durée, de +0,8% sur un mois, +7,2% sur un an.
Alors que l'emploi reste la priorité n°1 des Français dans les sondages, le taux de chômage calculé par l'Insee était de 9,8% (outre-mer compris) fin 2011.
Malgré la montée en charge des contrats aidés (subventionnés) ces derniers mois, "on s'achemine inexorablement vers les 10% de demandeurs d'emplois", a réagi la CGT.
Pour que la tendance s'inverse et que le chômage baisse sur un an, il faudrait "entre 1,5% et 2% de croissance", rappelle Mme Cochard.
Les prochaines statistiques de demandeurs d'emploi, celles du mois de mars, interviendront entre les deux tours de l'élection présidentielle