Des heurts entre les forces de l'ordre et une unité du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) composée uniquement de femmes ont fait, ce samedi dans le sud-est de la Turquie, quinze morts dans les rangs rebelles.
AFP - Quinze rebelles kurdes, des femmes, ont été tuées samedi dans des combats avec les forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie, a annoncé le ministère turc de l'Intérieur.
Les heurts se sont produits dans une zone rurale de la province de Bitlis, un des théâtres de la rébellion armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), précise un communiqué, rapporté par l'agence de presse officielle Anatolie.
Un "gardien de village", force supplétive kurde armée par l'Etat turc contre le PKK, a été tué et trois autres blessés dans les combats, selon le document.
De source de sécurité locale dans le sud-est anatolien, zone peuplée majoritairement de Kurdes et champ d'action du PKK, on précise que le mouvement séparatiste kurde dispose d'unités entièrement constituées de femmes et c'est une telle formation qui a été décimée.
Sept policiers et six rebelles avaient été tués lors d'une vaste opération qui a duré trois jours et s'est achevée vendredi aux abords du mont Cudi (sud-est), proche de la frontière irakienne.
En moins d'une semaine, les combats ont ainsi coûté la vie à 29 personnes, 21 rebelles et huit membres des forces de sécurité, signe d'une recrudescence des violences avec l'arrivée du printemps.
Les membres du PKK, retranchés dans des caches situées en Turquie et dans le nord de l'Irak, frappées régulièrement par l'aviation turque, profitent de la fonte des neiges pour s'infiltrer d'Irak en Turquie afin d'y organiser des attaques.
C'est pendant cette période que les forces d'Ankara, l'armée et de plus en plus des unités spéciales de la police ces derniers temps, intensifient les opérations contre les rebelles.
La presse turque a rapporté ce derniers jours que le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) avait décidé de changer son fusil d'épaule, cessant tout contact direct avec le PKK, dans un nouvel effort politique d'en terminer avec ce mouvement.
Le contact sera également rompu avec Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK qui purge depuis 1999 une peine à vie dans une prison du nord-ouest de la Turquie d'où il dirige son mouvement par le biais de ses avocats qui lui rendent régulièrement visite.
Un politique d'ouverture pro-kurde de l'AKP lancée en 2009 a fait long feu, et a été très critiquée par ses détracteurs car elle impliquait des premières discussions directes avec la direction du PKK.
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a préféré adopter un ton plus ferme à l'égard du PKK, multipliant les opérations armées et une offensive judicaire contre les ramifications du PKK, chercherait, selon le journal libéral Milliyet, à s'allier le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, pour obtenir notamment un désarmement des rebelles retranchés dans la montagne irakienne.
Le conflit kurde en Turquie a fait plus de 45.000 morts, selon l'armée, depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984 dans le sud-est anatolien. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays.