
Le groupuscule islamiste Forsane Alizza, dissous à la fin du mois de février dernier sur requête du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, est plutôt connu pour ses actes de provocations plutôt que pour ses actions violentes.
Interdit depuis le 29 février 2012 par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, Forsane Alizza, fondé en 2010, se revendiquait de la mouvance jihadiste et était connu pour ses actes de provocation plutôt que pour ses actions violentes.
"Il s’agissait d’un groupe, comme on en trouve souvent en Grande-Bretagne, qui s’adressait à des jeunes récemment islamisés", explique Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’IRIS et spécialiste des groupes terroristes. "Les membres des Chevaliers de la fierté se réclamaient du djihadisme et du salafisme et n’avaient qu’une très faible connaissance de la religion musulmane. C’est un groupe qui a voulu se faire remarquer", poursuit le chercheur.
Il se montre ainsi surpris par l’hypothèse de l’appartenance du tueur au scooter à ce groupe qui était selon lui "jusqu’à présent resté loin des actions terroristes".
"Contrairement aux réseaux de type al-Qaïda, le groupe Forsane Alizza avait pour principal but de faire parler de lui ", affirme Jean-Yves Camus, précisant qu’il a eu l’occasion de les observer, notamment devant le Théâtre de la Ville à Paris face à des extrémistes chrétiens qui étaient venus protester contre une pièce de théâtre.
"Je les ai vus de mes yeux : ils ne cherchaient pas à se cacher mais bien au contraire à être filmés et photographiés le plus possible", dit-il. "Ils portaient à cette occasion l’habit afghan."
Le chercheur ajoute que ces hommes ont également pour spécificité de filmer leurs rassemblements et de poster leurs films sur le Web. Sur le site internet du groupe, inaccessible depuis le 21 mars, ses membres appelaient au djihad pour Allah.
" Une dissolution symbolique "
La première action de Forsane Alizza remonte à juin 2010, quand une dizaine de ses membres avaient appelé à boycotter un McDonald's de Limoges, enseigne accusée d'être au service d'Israël. Il y a quelques mois également, les membres du groupe ont brûlé des codes civils pour protester contre la loi pénalisant le port du voile intégral.
Fin janvier, Claude Guéant demandait la dissolution du groupe, jugeant "insupportable que dans notre pays un groupement forme des personnes à la lutte armée".
Mohammed Achamlane, président du groupe, avait alors démenti que son mouvement soit violent. Pour Jean-Yves Camus, "tous les observateurs ont pensé à l’époque que cette dissolution était symbolique".
La chaîne d’informations BFM TV avait annoncé mercredi 21 mars que Mohamed Merah pourrait appartenir à Forsane Alizza, une information rapidement démentie par le ministre de l'Intérieur. Depuis son interdiction, le groupe n'a pas mené d'actions revendiquées et la page d'accueil de son site internet indique : "L'équipe Forsane Alizza est dissoute, cependant nous subissons toujours de grosses pressions malgré la fin de nos activités."