logo

Violents combats dans la capitale, arrivée des experts internationaux à Damas

Les experts mandatés par Kofi Annan pour négocier une trêve des violences qui ensanglantent le pays sont arrivés à Damas, dont un quartier qui abrite de nombreux bâtiments officiels a été le théâtre de violents combats, la nuit dernière.

AFP - De violents combats ont opposé lundi avant l'aube déserteurs et soldats dans un important quartier de Damas où sont arrivés des experts internationaux pour négocier une trêve dans les violences qui ensanglantent le pays depuis un an.

A Moscou, le chef de la Croix-Rouge internationale, Jakob Kellenberger, a dit avoir reçu des "indications positives de soutien" à sa demande de trêve quotidienne de deux heures lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

Le CICR se dit soutenu par Moscou sur des trêves en Syrie

La Russie soutient l'idée de mettre en place des cessez-le-feu de deux heures par jour en Syrie afin de fournir une aide humanitaire aux populations civiles, a indiqué lundi le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Moscou, allié traditionnel de Damas, a en outre promis de promouvoir cette proposition auprès des autorités syriennes, a ajouté Jakob Kellenberger après un entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Le chef de la diplomatie russe a "clairement approuvé et soutenu" le projet d'un arrêt quotidien des hostilités pendant deux heures afin de permettre des opérations de secours d'urgence, a assuré le chef du CICR dans la capitale russe.

(Reuters)

Au total, 18 personnes, dont dix civils, ont péri lundi dans les violences à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les combats nocturnes à Mazzé, qui abrite les services de renseignements, des bâtiments gouvernementaux et les ambassades d'Inde et de Grèce, sont "les plus importants et les plus proches des centres de sécurité à Damas depuis le début de la révolte", le 15 mars 2011, a affirmé le président de cette ONG, Rami Abdel Rahmane.

Il a précisé que deux soldats de l'armée régulière avaient été tués et 16 autres blessés dans les affrontements qui ont duré plusieurs heures. Quatre rebelles sont également morts et plusieurs autres blessés ou arrêtés.

La télévision officielle Al-Ikhbariya a de son côté rapporté que "trois terroristes avaient été tués" et déploré la mort d'un membre des forces de l'ordre. Le régime du président Bachar al-Assad ne reconnaît pas la contestation et qualifie de "gangs terroristes" opposants et déserteurs.

Selon Mourtada Rachid, un militant sur place, "ces opérations à Damas visent à alléger la pression sur les régions" proches, en proie à des opérations de l'armée qui réprime dans le sang la révolte. L'armée, déployée en province, a ainsi été rappelée à Damas au début des combats, a-t-il affirmé.

"Nous avons eu très très peur mais maintenant les routes ont été rouvertes et les magasins ont levé leur rideau", a déclaré à l'AFP une habitante de Mazré.

it
Le président du CICR en visite à Moscou
Violents combats dans la capitale, arrivée des experts internationaux à Damas

Dans l'après-midi, de nouveaux combats ont éclaté à Qaboun et à Barzé, deux autres quartiers de la capitale, selon l'OSDH.

Ces affrontements interviennent après trois attentats sanglants samedi et dimanche à Damas et à Alep (nord), deuxième ville du pays, dont l'opposition et le régime se sont mutuellement accusés.

A Deir Ezzor (est), d'autres combats violents opposaient déserteurs et soldats après avoir fait la veille 30 morts, dont 25 déserteurs, et des dizaines de blessés.

Dans le même temps, les cinq experts mandatés par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, sont arrivés à Damas pour négocier la mise en place d'une mission d'observation dans le but de faire cesser les "tueries".

Le porte-parole de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ahmad Fawzi, a précisé que la prochaine "visite de M. Annan en Syrie dépendra largement des progrès réalisés" lors des discussions avec les experts.

M. Annan avait expliqué que la mission "poursuivrait les discussions sur les propositions" qu'il avait faites à M. Assad lors de sa visite les 10 et 11 mars à Damas, en vue d'un arrêt de l'effusion de sang, d'un accès au pays des organisations humanitaires et d'un dialogue politique.

Il a qualifié de "décevantes jusqu'ici" les réponses apportées par Damas, et espéré que les experts "auront l'accès qui leur sera nécessaire".

Paris a proposé au Conseil de sécurité un projet de déclaration soutenant fermement la mission de M. Annan et "espère un vote" mardi sur sa proposition.

A Moscou, M. Kellenberger a jugé "positive" sa réunion avec M. Lavrov, qui visait à inciter la Russie à faire pression sur son allié syrien en vue d'obtenir une pause dans les combats pour distribuer l'aide et évacuer les blessés.

Une mission d'évaluation de l'aide humanitaire, formée par l'Organisation de coopération islamique (OCI) et l'ONU, est déjà sur place et travaille sous la houlette du régime. Elle a débuté à Homs (centre) et devait se rendre dans une dizaine de provinces.

Dans un communiqué, l'OCI et l'ONU ont appelé "le peuple et les autorités de Syrie à respecter la neutralité et l'impartialité" de leur mission "strictement apolitique".

C'est la première fois que l'ONU est autorisée par le régime à faire une telle évaluation depuis le début il y a un an des violences qui ont fait, selon l'OSDH, plus de 9.000 morts.

Dans les hôpitaux de fortune, les médecins disent "manquer de tout".

"Avec les outils dont nous disposons nous ne pouvons absolument rien faire. Le matériel chirurgical que nous avons sont des cuillères", a ainsi expliqué à l'AFP un anesthésiste, devenu chirurgien en l'absence de personnel médical qualifié.

Des maquisards ont affirmé à l'AFP s'être réfugiés dans les montagnes de la province d'Idleb, proche de la frontière turque que près de 16.500 Syriens ont traversé depuis un an, notamment deux généraux qui ont déserté vendredi, selon Ankara.

"Les chars ne peuvent pas monter ici, ils craignent les embuscades", a dit Abou Souleimane. "Et nous sommes si près de la frontière que Bachar n'osera pas employer l'aviation, il craint les Turcs".

La Turquie a affirmé être toujours sans nouvelles de deux journalistes turcs portés disparus depuis près d'une dizaine de jours en Syrie.