logo

Le scrutin fait figure de test démocratique pour le Timor oriental, qui a acquis son indépendance il y a moins de dix ans, à quelques mois du retrait des casques bleus déployés dans le pays depuis 1999.

AFP - Le Timor oriental élisait samedi son président, un scrutin qui teste la capacité de cette toute jeune démocratie à assurer elle-même la paix, tandis que les Casques bleus préparent leur retrait.

Les électeurs, la plupart pieds nus, ont commencé à arriver peu après l'ouverture du scrutin, à 07h00 (22h00 GMT vendredi), dans la petite école du village de Balibar, perdu dans les collines vert émeraude entourant la capitale Dili.

Jeunes mères portant nourrisson, ou vieilles dames que les préposés du bureau de vote devaient assister, ont déposé leur bulletin dans les urnes de plastique bleu acheminées par l'ONU, avant de ressortir de l'école l'index coloré à l'encre indélébile destiné à empêcher toute tricherie.

"C'est une obligation de voter parce qu'on est une démocratie et qu'on a le droit de choisir nos dirigeants", exulte Sidonia Perreira, un fonctionnaire venu avec femme et enfant.

Il ne s'agit que de la deuxième présidentielle de la démocratie encore balbutiante - elle n'a même pas dix ans -, et la première à être supervisée par les forces de l'ordre timoraises, à qui l'ONU a transféré l'an dernier la responsabilité de la sécurité. Le millier de Casques bleus encore présents quitteront ce confetti d'Asie du Sud-Est à la fin de cette année.

Les Nations unies sont intervenues au Timor en 1999 pour mettre fin à 24 ans d'occupation indonésienne, qui avait décimé plus du quart de la population. L'invasion avait suivi le départ en 1975 de la puissance coloniale portugaise. Le pays n'avait chèrement gagné son indépendance qu'en 2002.

Le Timor est ajourd'hui largement apaisé mais est resté fragile. Cependant, et à la différence de la précédente élection de 2007, la campagne s'est cette fois-ci déroulée sans violences.

Plus de 620.000 électeurs étaient appelés aux urnes pour reconduire ou non José Ramos-Horta. Le prix Nobel de la paix est opposé à onze candidats, dont l'amie d'un rebelle qui a tenté de l'assassiner, un ex-guérillero dont l'ONU recommande l'inculpation et un ancien ministre condamné pour homicide.

Un deuxième tour serait organisé, probablement mi-avril, en l'absence de majorité absolue au premier, avant des législatives prévues en juin. Les bureaux doivent fermer à 06h00 GMT mais les résultats ne sont pas attendus avant plusieurs jours.

"Il n'y aura pas de second tour. Je suis persuadé de l'emporter aujourd'hui", a lancé le général Taur Matan Ruak, ancien chef des forces armées et l'un des plus sérieux adversaires de M. Ramos-Horta. "TMR", comme il est souvent appelé, a été investi par le CNRT, le parti au pouvoir de centre gauche qui avait soutenu M. Ramos-Horta lors de la dernière présidentielle de 2007.

Sans cet appui, le président sortant pourrait avoir des difficultés à répéter son triomphe d'alors: icône de la lutte pour l'indépendance un temps pressenti pour diriger l'ONU, José Ramos-Horta avait été élu à 69% au second tour, face à Francisco Guterres, leader du Fretilin (gauche, première force d'opposition).

"Lu Olo", comme il est surnommé, se présente à nouveau ce samedi, faisant campagne sur l'éradication de la corruption et la lutte contre la pauvreté qui touche la moitié des 1,1 million de Timorais. Autant sont illétrés et près de 20% sont au chômage.

Le minuscule pays, qui n'occupe qu'une moitié d'île à l'extrême est de l'archipel indonésien, espère s'extraire de la misère grâce à ses ressources d'hydrocarbures, qui couvrent 90% des dépenses de l'Etat. Le Timor est "le pays le plus dépendant du pétrole au monde", a récemment souligné le Fonds monétaire international.