La troisième banque américaine va utiliser la puissance d’analyse du superordinateur d'IBM. Watson s’était fait connaître en février 2011 en devenant le premier ordinateur à battre un adversaire humain au jeu télévisé Jeopardy.
Après Watson le joueur, Watson le trader. Le superordinateur d’IBM, qui a remporté plusieurs parties de Jeopardy à la télévision américaine l’année dernière, va se lancer dans l’aventure de Wall Street. La banque américaine Citigroup a décidé de s’offrir les bons services de cet ordinateur capable, d’après les dires d’IBM, de traiter 200 millions de pages d’information en moins de trois secondes.
Le troisième groupe bancaire américain a précisé, lundi 5 mars, qu’il comptait utiliser Watson pour “analyser les besoins des clients et les opportunités financières qu’il est possible de leur proposer”. Concrètement, Watson pourra compulser et résumer en quelques minutes, pour les gestionnaires de portefeuilles de Citigroup, les résultats financiers de centaines d’entreprises ainsi que les informations qui circulent sur d’éventuelles opportunités d’investissement à la vitesse du Web sur les réseaux sociaux.
Manoj Saxena, responsable du programme Watson, a expliqué à la chaîne économique américaine Bloomberg que son poulain informatique avait été programmé depuis plusieurs mois pour comprendre le langage financier et les arcanes de Wall Street.
Plus qu’une bête machine à calculer
IBM juge en effet que “les services financiers sont une bonne opportunité” commerciale pour Watson. Les banques ont investi environ 400 milliards de dollars en 2011 dans les technologies de l’information, selon le cabinet d’études américain Data Corp.’s Financial Insights.
Les constructeurs d'ordinateurs comme IBM ou Dell ont de l'argent à se faire dans les salles de marché et Watson est probablement l’un de leurs modèles les plus sérieux. Peut-être aussi l’un des plus chers. Même si ni Citigroup ni IBM n’ont divulgué le prix de cette mise à disposition de Watson, le géant de l’informatique devrait toucher un pourcentage de chaque transaction effectuée à l’aide du superordinateur, croit savoir CNN.
Le choix de Watson par Citigroup plutôt que d'un autre système informatique a probablement été influencé par la performance du superordinateur lors du jeu télévisé Jeopardy en février 2011. La victoire de Watson sur des adversaires humains avaient alors été qualifiée de grande avancée pour l’intelligence artificielle. En effet, le jeu Jeopardy - où les concurrents doivent trouver les questions à partir de réponses - nécessite plus qu’une gigantesque mémoire. Il faut pouvoir analyser des phrases complexes et en tirer des conclusions logiques. Par son exploit, Watson était devenu plus qu’une bête machine à calculer.
Diagnostic médical
Après l’épisode Jeopardy, l’assureur américain WellPoint avait été le premier à embaucher Watson en septembre 2011 afin de l’aider à déceler d’éventuels soucis de santé chez les assurés à partir de leur dossier et leur proposer des traitements médicaux.
Mais aussi bien IBM que ses clients savent que Watson n'est pas la solution à tous les problèmes. Le tout-informatique et la course à l'automatisation de certaines tâches dans les salles de marché ne se sont, en effet, pas révélés gagnants à tous les coups. Ainsi, le 6 mai 2010, le Dow Jones a perdu 1000 points en 30 minutes suite à une erreur de l’un des ordinateurs chargés de passer de grands volumes d’ordres de vente sur les marchés. Un même problème avait obligé la Bourse australienne à s’interrompre pendant plusieurs heures le 27 octobre 2011.
IBM de son côté reconnaît également les limites de son Watson. Le géant de l’informatique indique ainsi que son ordinateur est certes performant pour analyser des textes en anglais mais qu’il faut éviter de lui soumettre des données à traiter dans d’autres langues.