
Si Mitt Romney a réussi à décrocher six Etats sur dix, mardi, lors du "Super Tuesday", il ne parvient toujours pas à séduire l'électorat religieux conservateur acquis à la cause de Rick Santorum, son principal rival.
REUTERS - Mitt Romney est encore passé à deux doigts d’une déconvenue dans la course à l’investiture républicaine, sa victoire sur le fil dans l’Ohio et dans cinq autres Etats lors du « Super Tuesday » n’ayant pas vraiment rassuré sur sa capacité à rivaliser avec Barack Obama lors de la présidentielle de novembre.
Le succès arraché à Rick Santorum dans l’Ohio, avec environ 12.000 voix d’écart sur près d’1,2 million d’électeurs, a évité un camouflet à l’ancien gouverneur du Massachussetts, mais il ne lui a pas permis de prendre le large, les délégués étant attribués à la proportionnelle.
Au vu de ses défaites dans l’Oklahoma et le Tennessee, Mitt Romney a surtout toujours autant de mal à séduire l’électorat religieux conservateur.
Or, les prochaines consultations, samedi au Kansas, un Etat conservateur, et mardi dans deux Etats du Sud, l’Alabama et le Mississipi, pourraient bien relancer Rick Santorum.
S’il est toujours nettement devancé par Mitt Romney dans la course aux délégués - 396 contre 158, selon les projections de CNN, alors qu’il en faut 1.144 pour obtenir l’investiture -, l’ancien sénateur de Pennsylvanie a donc toutes les raisons de continuer à croire en ses chances.
Même constat pour Newt Gingrich. L’ancien président de la Chambre des représentants a renoué avec un succès qui le fuyait depuis la Caroline du Sud en janvier en s’imposant nettement dans son fief de Géorgie.
Gingrich, qui peut se targuer de l’avoir emporté dans l’Etat où le plus grand nombre de délégués (76 au total) était en jeu lors du « super-mardi », a basé toute sa stratégie électorale sur la conquête des Etats du Sud « profond ».
Lui aussi conserve donc un espoir, même infime, d’être remis en selle par les prochaines primaires, d’autant qu’un sondage le donnait le mois dernier au coude à coude avec Santorum en Alabama.
Pas de candidat avant juin ?
Première conséquence: il faudra sans doute attendre jusqu’en avril avec notamment les primaires de l’Etat de New York (92 délégués) et du Texas (152 délégués), voire jusqu’en juin avec celles de Californie (169 délégués) pour que le nom du candidat du Grand Old Party soit connu.
Or, plus le temps passe, plus l’investiture incontestable dont rêvait Romney après ses succès initiaux s’éloigne, ce qui le fragilise d’autant en vue d’une éventuelle confrontation avec Barack Obama.
« La bonne nouvelle pour Romney, c’est qu’il reste en tête », commente le républicain Dan Schnur, un des conseillers de John McCain lors de sa campagne présidentielle infructueuse en 2000. « La mauvaise nouvelle, c’est que les doutes qui entourent sa candidature vont aller en se renforçant. »
L’un des principaux signaux d’alerte pour l’ex-gouverneur du Massachussetts est une apparente déconnexion avec sa base électorale.
Seuls 22% des électeurs de l’Ohio estiment que Romney est le candidat qui comprend le mieux leurs problèmes (contre 31% pour Santorum), selon des sondages sortis des urnes de la chaîne CNN. Ils étaient 34% à le penser le mois dernier en Floride, où Romney a remporté la première d’une série de victoires « vitales ».
Le favori pour l’investiture républicaine a également été dominé par Santorum chez les électeurs de l’Ohio qui gagnent moins de 100.000 dollars par an et chez ceux qui se décrivent comme « très conservateurs ». Il est en recul dans ces catégories par rapport à ses résultats en Floride et dans le Michigan voisin, où il a arraché une autre victoire cruciale le 28 février.
« Romney n’a levé aucun des doutes qui pèsent sur sa candidature, ni répondu aux questions », estime le conseiller en campagne républicain Matt Mackowiak. « Les interrogations qui se posaient avant ce soir (mardi) restent entières et, de ce fait, la course continue. »