
Pour la troisième fois, l'État va renflouer l'ancien numéro un de l'assurance, à hauteur, cette fois-ci, de 30 milliards de dollars. Le groupe américain a annoncé une perte record de 61,7 milliards de dollars au dernier trimestre 2008.
La récession s’aggrave et les aides publiques sont revues à la hausse. Déjà bénéficiaire de deux plans de sauvetage d’un montant total de 150 milliards de dollars, AIG sera renfloué une nouvelle fois.
L’ex-numéro un mondial de l’assurance a annoncé, ce lundi, la plus forte perte trimestrielle de l’histoire des Etats-Unis : 61,7 milliards de dollars sur trois mois. Le groupe avait déjà perdu 37,7 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l’année 2008.
"Too big to fail"
Le placement d’AIG en faillite a été envisagé, mais vite écarté par crainte de l’effet domino sur les fonds de pension et autres établissements financiers à travers le monde dont le destin est lié à AIG. "Too big to fail" ("Trop gros pour couler"), comme on dit aux Etats-Unis.
Le conseil d’administration du géant de l’assurance a trouvé un accord avec les autorités fédérales dans la soirée de dimanche. Celui-ci prévoit une émission d’actions préférentielles de l’assureur que l’État s’engagera à racheter à hauteur de 30 milliards d’euros, ainsi qu’un allègement des intérêts de la ligne de crédit de 60 milliards de dollars déjà accordée par l’État dans un précédent plan de sauvetage.
En contrepartie, la holding AIG, vieille de 90 ans, devrait se diviser en plusieurs entités et céder tout ou partie de ses activités asiatiques et d’assurance-vie aux autorités fédérales.
"Bad bank" ou pas ?
Priorité du plan : faciliter le refinancement de l’assureur sur les marchés. Vendredi à Wall Street, l’action AIG, qui a perdu 99 % de sa valeur en un an, s’échangeait à 42 cents à la clôture. Selon le Wall Street Journal, les agences de notation, qui estiment la solvabilité des actifs, ont d’ores et déjà émis un avis favorable sur le nouveau plan.
Pour assurer un meilleur refinancement, la solution consistant à créer une entité isolant les actifs toxiques sur le modèle des "bads banks" est envisagée.
Une solution difficile à faire accepter. "Pour regrouper les actifs toxiques dans une ‘bad bank’, il faut que les États acceptent une grosse décote. Ça revient à privatiser les gains et à nationaliser les pertes. Les marchés ont compris que ce n’était pas facile à faire passer auprès de l’opinion publique", rappelle Christian Stoffaes, président du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII).
Selon certains experts, le contribuable pourrait pourtant se voir réclamer plusieurs dizaines de milliards de plus pour mettre définitivement AIG à l’abri.