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Sarkozy a la Suisse dans le collimateur

A l'issue d'un sommet européen sur la crise économique, le président français Nicolas Sarkozy a laissé entendre que, si rien ne change, la Suisse pourrait être inscrite sur la liste noire des paradis fiscaux.

AFP - Le président français Nicolas Sarkozy a laissé plané dimanche la menace d'une inscription de la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux des pays industrialisés et émergents du G20, appelés à se réunir début avril.

A la question de savoir si la Suisse pourrait être inscrite sur la liste des paradis fiscaux que prépare actuellement le G20, M. Sarkozy, qui parlait à la presse à l'issue d'un sommet européen sur la crise économique a répondu: "en l'état actuel des choses et sur la base de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), la réponse est plutôt oui".

Toutefois, il a estimé que l'issue était encore ouverte. "Ca dépend de ses réponses", a dit le chef de l'Etat français à l'intention de la Suisse. "On verra ce qu'il en sera", a-t-il ajouté.

Les pays du G20, qui se réuniront en sommet le 2 avril à Londres pour discuter d'une plus grande transparence du système financier international pour éviter de nouvelles crises, entendent aborder à cette occasion la question des pays jugés non coopératifs.

La Suisse, est déjà dans le collimateur de l'OCDE. En octobre 2008, lors d'une réunion des pays membres à Paris, l'Allemagne avait demandé  l'inscription de la Suisse sur la liste noire de l'OCDE car "elle propose des conditions de placement qui incitent certains contribuables allemands à pratiquer l'évasion fiscale".

Les pays de l'OCDE ont demandé à l'organisation de réactualiser d'ici à mi-2009 sa liste. Vidée de sa substance au fil des années, elle ne compte plus actuellement qu'Andorre, Monaco et le Liechtenstein.

M. Sarkozy a dénoncé vertement les paradis fiscaux dimanche. "J'ai dit qu'il n'était pas admissible qu'on garde des paradis fiscaux, c'est-à-dire des places financières qui ne déclarent pas l'origine de l'argent et la direction de l'argent (...) qui ne disent pas d'où vient l'argent et où il va", a-t-il dit.

"La France se battra pour avoir des mesures très strictes en la matière et les appliquera", a ajouté M. Sarkozy.

Samedi, le ministre suisse des Finances Hans-Rudolf Merz a estimé que son pays pourrait être amené à faire quelques compromis sur le secret bancaire pour éviter de figurer sur une liste noire.

"Nous n'abandonnerons pas le secret bancaire", a-t-il affirmé, "mais peut-être aurons-nous des concessions à faire dans tel cas ou tel autre".

La Suisse s'attire des critiques croissantes ces derniers mois au sujet du secret bancaire, jalousement gardé par un pays dont la prospérité dépend en grande partie de cette pratique. La crise financière et économique mondiale, qui a particulièrement touché le secteur bancaire, amène les pouvoirs publics de nombreux pays à vouloir réguler davantage ce domaine et à lutter contre les paradis fiscaux dont le secret bancaire est un élément clé.

L'Union européenne et les Etats-Unis en particulier font pression en ce sens. La grande banque suisse UBS est poursuivie en justice par le fisc américain qui réclame en outre des informations sur 52.000 titulaires de comptes secrets en Suisse appartenant à des Américains.