
Le chef d'état-major interarmées déclare que l'Iran détient assez de matériaux fissiles pour fabriquer la bombe, mais le secrétaire à la Défense le contredit : l'Iran n'est "pas près d'avoir une arme" nucléaire, selon Robert Gates.
AFP - L'amiral américain Michael Mullen, chef d'état-major interarmées, a jugé dimanche que l'Iran détenait suffisamment de matériaux fissiles pour fabriquer une bombe atomique, tandis que le secrétaire à la Défense Robert Gates se montrait beaucoup plus prudent.
Interrogé pour savoir si Téhéran détenait assez de matériaux nucléaires pour fabriquer une bombe atomique, l'amiral Mullen a répondu: "tout à fait franchement, nous pensons que oui".
"Et l'Iran doté d'une arme nucléaire, je le pense depuis longtemps, c'est une très mauvaise perspective pour la région et pour le monde", a-t-il affirmé sur la chaîne de télévision CNN.
La Maison Blanche n'a pas souhaité faire de commentaire.
Mais le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a estimé de son côté que l'Iran n'était pas "près d'avoir une arme" nucléaire.
"Je pense qu'on s'est concentré de manière continue sur la manière d'amener les Iraniens à renoncer à un programme d'armement nucléaire. Ils ne sont pas près d'avoir des réserves (suffisantes). Ils ne sont pas près d'avoir une arme à ce stade", a déclaré le ministre dans un entretien pré-enregistré de la chaîne de télévision NBC.
La déclaration du chef d'état-major intervient après la publication d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui souligne que l'Iran a fait des avancées dans son processus d'enrichissement d'uranium.
Selon l'AIEA, l'Iran dispose désormais de 1.010 kilos d'uranium faiblement enrichi issus de son centre de traitement de Natanz (centre). Si l'on en croit l'expert David Albright de l'institut ISIS à Washington cette quantité suffit, une fois convertie en uranium hautement enrichi, à mettre au point une bombe atomique.
En revanche, les experts de l'agence onusienne estiment que 1.700 kilos d'uranium faiblement enrichi sont nécessaires pour procéder, après l'avoir hautement enrichi, à la fabrication d'une arme atomique.
L'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a insisté sur le fait que le site de Natanz, par ailleurs étroitement surveillé par l'AIEA, ne permettait pas de produire d'uranium hautement enrichi.
Le chef de l'AIEA Mohamed ElBaradei s'était récemment dit convaincu que l'Iran cherchait à acquérir la technologie permettant d'accéder à l'arme atomique, mais il s'était montré plus réservé sur la question de savoir si Téhéran voulait vraiment la fabriquer.
Le gouvernement iranien vient d'annoncer qu'il comptait désormais 6.000 centrifugeuses procédant à l'enrichissement d'uranium.
L'Iran fait l'objet de cinq résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont trois assorties de sanctions, à cause de son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.
M. Gates a jugé dimanche que les Occidentaux disposaient encore "de temps" pour convaincre Téhéran.
Il a estimé que la diplomatie avait de bonnes chances de réussite maintenant que les prix du pétrole avaient baissé, renforçant l'efficacité des sanctions économiques contre Téhéran qui reposent essentiellement sur le revenu pétrolier.
Le conseil des gouverneurs de l'AIEA se réunit à partir de lundi à Vienne pour se pencher à nouveau sur le dossier nucléaire iranien.
Pour sa part, le président Barack Obama a dit rechercher un dialogue "soutenu et fondé sur des principes" avec l'Iran.