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À l'approche d'un sommet sur la relance économique de la zone euro, la publication, jeudi par Eurostat, des chiffres record du chômage sont venus assombrir le paysage. En janvier, 10,7% de la population active de la zone euro était sans emploi.

AFP - Le chômage a atteint un nouveau niveau record en janvier dans la zone euro, au moment même où les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour se pencher sur la croissance et l'emploi, deux thèmes qui ont longtemps été négligés au profit de l'austérité.

Le taux de chômage de la zone euro s'est établi à 10,7% de la population active en janvier. Quelque 16,92 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro, soit 185.000 de plus que le mois précédent, selon les données publiées jeudi par l'office européen des statistiques Eurostat.

Ce niveau jamais atteint depuis la création de la zone euro dépasse nettement les prévisions des analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires qui tablaient sur un taux de chômage de 10,4% en janvier.

Le taux de chômage a déjà atteint ce niveau en octobre 1997 pour les pays faisant partie de la zone euro, mais l'Union monétaire n'était pas encore née officiellement. Il a même atteint 10,8% en juin 1997, a fait savoir Eurostat.

Autre mauvaise nouvelle: les données des quatre mois précédents ont été révisées à la hausse: en décembre par exemple, le taux de chômage s'est élevé à 10,6% et non à 10,4% comme annoncé au départ.

"Le ralentissement économique et les mesures d'austérité budgétaire ont frappé le marché de l'emploi plus que prévu", a commenté Klaus Baader, analyste pour la Société Générale.

Moins pessimiste, son confrère de Natixis, Peter Kaidusch, estime lui que la flambée du chômage est liée "en grande partie à l'hiver particulièrement froid qui a sévi en Europe. Il faut donc se garder de surinterpréter cette hausse".

"Une amélioration à court terme n'est guère probable. Les mesures prises par les dirigeants européens se concentrent sur l'aide aux banques et aux gouvernements mais pas aux demandeurs d'emploi", a-t-il toutefois souligné.

Ces annonces tombent au plus mal, alors que les 27 dirigeants de l'Union européenne vont tenter de tourner la page de la crise lors d'un sommet jeudi.

"Le chômage est un problème de société majeur et c'est pour cela qu'il est important que les dirigeants européens se concentrent aujourd'hui sur des mesures relançant la croissance et des réformes qui favorisent l'emploi et la création de postes en Europe", a estimé jeudi le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn en marge d'une réunion des dirigeants libéraux en Europe.

Il s'agit du neuvième mois consécutif au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil de 10% dans la zone euro. Résultat: la zone euro compte désormais 1,221 million de personnes en plus au chômage qu'il y a un an.

Dans le détail, l'Espagne est une fois de plus, et de loin, le pays où le taux de chômage est le plus élevé en janvier (23,3%). Elle est suivie par l'Irlande et le Portugal (14,8% chacun). En Grèce, les dernières données concernent le mois de novembre et mettent en évidence un taux de chômage de 19,9%.

De son côté, l'Italie a vu son taux de chômage atteindre un niveau record en janvier, à 9,2%, selon des données publiées jeudi.

Les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en Autriche (4,0%), aux Pays-Bas (5,0%) et au Luxembourg (5,1%).

En France, le taux de chômage, à 10%, progresse par rapport à décembre (9,9%). En Allemagne, il monte à 5,8% contre 5,7% le mois précédent.

Dans la matinée, Eurostat a également fait état d'une inflation en hausse, à 2,7% contre 2,6% le mois précédent.

"C'est une très mauvaise nouvelle pour les consommateurs en Europe qui doivent non seulement faire face à une explosion du chômage mais également une hausse des prix. On pouvait espérer un net ralentissement de l'inflation mais cela semble désormais compromis avec la hausse des prix énergétiques", a estimé Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.