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Alors que le référendum portant sur le projet d'une nouvelle Constitution en Syrie a recueilli près de 90 % des suffrages selon Damas, la France a demandé à saisir la justice internationale lors du Conseil des droits de l'Homme, à l'ONU.

AFP - Les autorités syriennes se sont félicitées lundi des résultats du référendum sur la nouvelle Constitution, approuvée selon elles par près de 90% des votants, au moment où la France réclamait une saisine de la justice internationale pour sanctionner la répression menée par Damas.

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Alors que les attaques contre les bastions rebelles ne faiblissent pas, le Premier ministre qatari Hamed ben Jassem al-Thani s'est dit favorable à des livraisons d'armes à l'opposition syrienne, au lendemain d'un week-end meurtrier au cours duquel plus de 150 personnes ont péri.

Plus de 57% des électeurs se sont rendus dimanche aux urnes pour se prononcer sur la Constitution, selon les chiffres officiels dévoilés lundi, alors que les militants pro-démocratie avaient affirmé que de nombreux bureaux de vote n'avaient pas ouvert, notamment dans les villes rebelles pilonnées par l'armée.

"Il y a eu une grande affluence en dépit des menaces proférées (...) par les groupes terroristes armés et malgré les campagnes d'incitation (au boycottage) (...) pour empêcher les citoyens d'exercer leur droit et nuire à cette opération démocratique qui s'est déroulée en toute liberté et transparence", a affirmé le ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Chaar.

La nouvelle Constitution abolit la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle mais maintient de larges prérogatives pour le chef de l'Etat.

La modification de la loi fondamentale fait partie des réformes promises par le régime qui, refusant d'admettre l'ampleur de la contestation, se targue de l'appui de son peuple pour venir à bout de la révolte assimilée à du "terrorisme" mené par des "gangs armés à la solde de l'étranger".

La France réclame une saisine de la justice internationale

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Au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, la France a réclamé une saisine de la justice internationale pour sanctionner Damas, qui n'est toutefois "pas un Etat partie" de la Convention de Rome qui établit la Cour pénale internationale.

La répression de la contestation a fait plus de 7.600 morts en 11 mois, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Lundi, 29 Syriens, dont six soldats, ont encore été tués et des dizaines d'autres blessés à travers le pays, d'après la même source.

Neuf l'ont été dans le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs (centre), cible d'une offensive de l'armée depuis le 4 février.

"Ils pensent que s'ils tuent tout le monde, ils tueront également la révolution", a déclaré à l'AFP un militant, Abou Bakr, en soulignant les conditions humanitaires désastreuses dans cette ville surnommée la "capitale de la Révolution".

De leurs côtés, la Croix-Rouge et les diplomates espéraient, après plusieurs jours de négociations, pouvoir évacuer des blessés, dont la journaliste française Edith Bouvier et le photographe Britannique Paul Conroy, ainsi que les dépouilles de leurs deux collègues tués mercredi.

Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé que "l'amorce d'une solution" était en train de s'esquisser, tout en précisant que la situation à Homs était "extrêmement complexe" et "tendue".

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est par ailleurs entré dans la ville rebelle de Hama (centre), à laquelle il n'avait plus eu accès depuis le 17 janvier, et a distribué de l'aide à 12.000 personnes, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'organisation humanitaire.

A Alep (nord), deuxième ville du pays jusqu'ici peu touchée par la contestation, plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté, appelant à "la mise à mort du président" Bachar al-Assad. A la faculté dentaire, certains ont détruit la statue de l'ex-président Hafez al-Assad, père de Bachar, selon des militants contactés via Skype par l'AFP.
             

A Qousseir (centre), des combats, avec tirs de roquettes et d'obus, opposaient l'armée aux rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), a constaté un journaliste de l'AFP. "On a quelques lance-roquettes RPG mais surtout des kalachnikovs", a déploré un officier de l'ASL.

Le Premier ministre qatari a estimé que la communauté internationale devait faire "tout ce qui est nécessaire pour les aider (les opposants, ndlr), y compris leur fournir des armes pour qu'ils puissent se défendre".

Le gouvernement saoudien a stigmatisé sans les nommer l'attitude "défaillante" des pays qui bloquent les efforts internationaux pour un règlement de la crise syrienne.

La Chine et la Russie ont bloqué à deux reprises une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression.

Ces deux pays, alliés de Damas, sont de nouveau montés au créneau lundi. La Chine a qualifié d'"inacceptables" les propos de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a appelé à pousser Pékin et Moscou à "changer de position" sur la Syrie, tandis que le Premier ministre russe Vladimir Poutine dénonçait l'attitude "cynique" de l'Occident.

Face à la poursuite de la répression, l'Union européenne a adopté un 12e train de sanctions contre la Syrie, visant essentiellement sa Banque centrale dans l'espoir de restreindre les voies de financement du régime.