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Après avoir trouvé un accord avec le Kosovo sur plusieurs dossiers, la Serbie va pouvoir ouvrir des négociations en vue de son adhésion à l'Union européenne (UE). Son dossier sera étudié lors du sommet européen qui se tiendra les 1er et 2 mars.

AFP - La Serbie a fait un pas important vers son intégration future dans l'Union européenne en concluant vendredi un accord avec le Kosovo sur deux dossiers très sensibles, dont la participation de Pristina aux réunions régionales dans les Balkans.

Les portes de l'UE pourraient s'entrouvrir la semaine prochaine puisque les dirigeants européens examineront l'octroi du statut de candidat à la Serbie au cours de leur sommet des 1er et 2 mars.

La plupart des capitales européennes ont d'ores et déjà envoyé ces derniers jours des signaux encourageants à Belgrade après avoir déçu ses espoirs en décembre.

Les Européens, Allemands en tête, avaient alors appelé la Serbie à accentuer ses efforts pour réchauffer ses relations avec le Kosovo, son ancienne province qui a déclaré son indépendance il y a tout juste quatre ans malgré l'opposition de Belgrade.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a "salué les accords obtenus" vendredi, à l'issue de près de trois jours de négociations serrées à Bruxelles.

"Ils représentent un grand pas en avant" et "sont importants non seulement pour la Serbie et le Kosovo mais aussi pour la stabilité de la région et donc de l'Union européenne", a-t-elle déclaré.

Les négociateurs sont notamment tombés d'accord pour laisser Pristina prendre part aux conférences concernant les Balkans sans pour autant que Belgrade reconnaisse l'indépendance du Kosovo.

L'autre point d'accord porte sur les modalités d'application des accords conclus en 2011 sur la libre circulation et la "gestion intégrée" des "points de passage" entre la Serbie et le Kosovo, objets de fortes tensions ces derniers mois.

Les Serbes du nord du Kosovo ont fait un geste dès jeudi en annonçant la réouverture de deux passages frontaliers qu'ils bloquaient depuis juillet avec des barricades.

De violents heurts se sont produits à plusieurs reprises autour de ces points de passage, dont la sécurité est assurée par des experts dépêchés par l'UE et des soldats de l'Otan.

Les négociations menées à Bruxelles "ont été vraiment très difficiles", a déclaré le représentant serbe Borko Stefanovic, en exprimant son "soulagement" et sa "joie" d'être parvenu à un accord. "Il est maintenant de la responsabilité de l'UE et des Etats membres de prendre la décision (sur le statut) sur la base des conclusions de la Commission européenne", a-t-il dit.

Cette question pourrait être tranchée mardi lors d'une réunion des ministres des Affaires européennes lundi à Bruxelles, puis au sommet des dirigeants jeudi et vendredi.

La France, l'Italie et l'Autriche ont déjà adressé cette semaine un courrier à Mme Ashton pour plaider l'octroi de ce statut, estimant que Belgrade avait "rempli les conditions" fixées en décembre.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a également apporté son soutien à l'occasion d'une visite à Belgrade jeudi.

Une décision positive de l'UE satisferait le président pro-européen serbe, Boris Tadic, qui souhaite l'obtention du statut de candidat avant l'ouverture de la campagne pour les élections législatives, prévues en mai.

Quoi qu'il en soit, le processus menant à l'adhésion de la Serbie sera long puisqu'elle devra remplir de nouveaux critères en vue de la prochaine étape: l'ouverture des négociations.

De son côté, le Kosovo pourrait être récompensé par l'UE en étant autorisé à suivre la même "voie européenne" que les pays des Balkans occidentaux. "La Commission propose de lancer une étude de faisabilité pour un accord d'association entre le Kosovo et l'UE", ont indiqué Mme Ashton et le commissaire chargé de l'Elargissement, Stefan Füle.

Cette question du Kosovo est très sensible au sein même de l'UE, cinq des 27 Etats membres ne reconnaissant pas son indépendance.