À 67 jours du premier tour de l'élection présidentielle, le président Nicolas Sarkozy a officiellement annoncé son intention de briguer un nouveau quinquennat au journal télévisé de TF1.
C’était un secret de polichinelle. Ce mercredi 15 février, sur TF1, Nicolas Sarkozy a officiellement annoncé sa candidature à l'Élysée après un vrai-faux suspense qui aura duré plusieurs mois. "Oui je suis candidat à l'election présidentielle", a-t-il déclaré. À 57 ans, le chef de l'État sortant endosse donc, désormais, le costume de président-candidat.
"J'ai pris cette décision parce que la France vit une crise sans précédent. Ne pas me présenter serait ressenti comme un abandon de poste", a-t-il expliqué en se comparant à un capitaine qui ne peut "quitter le navire".
itAprès avoir clarifié sa position, le président - qui préfère dorénavant se définir comme un "Français candidat" ou un "Français comme les autres" - a ensuite longuement insisté sur sa vision du pays. "Si la France est forte, les Français seront protégés. Notre pays sera un bouclier pour chacun d’entre nous. Par contre, si la France est faible, les Français seront exposés", a-t-il déclaré en agitant le spectre de la situation de la Grèce, proche de la faillite.
Remettre le travail au centre de tout
Tout en fixant les priorités d’un éventuel second mandat – dont les maîtres mots seraient "travail, responsabilité, autorité et solidarité" -, Nicolas Sarkozy a assuré vouloir "redonner la parole" aux Français et proposé de "changer le système". Pour ce faire, le candidat de l'UMP envisage, entre autres, de recourir au référendum pour réformer le droit du chômage. "Lorsqu’on est chômeur, on a des droits et des devoirs […]. Depuis 40 ans, on a dévalorisé le travail […]. Je veux protéger les chômeurs en les indemnisant, mais surtout je veux leur donner les moyens d’exercer un métier. Je veux remettre le travail au centre de tout", a-t-il martelé, conscient que la récente publication des derniers chiffres catastrophiques de l'emploi en France - le taux de chômage avoisine la barre de 10 % - pourrait durement lui nuire dans les urnes.
Selon une information du Point.fr, le slogan de campagne du président sortant - qui sera officiellement dévoilé jeudi lors d'un meeting à Annecy - devrait être "La France forte !". Une formule qui n'est pas sans rappeler celle utilisée en 1981 par le candidat-président Valéry Giscard d'Estaing : "Il faut une France forte". Lors du scrutin, VGE avait été battu par François Mitterrand.
Le président a également tenu à faire son mea culpa concernant les promesses non tenues de son premier quinquennat. "Je n’ai pas tout réussi, ça c’est sûr […]. Mais on ne peut pas tout faire en cinq ans", a-t-il admis, justifiant néanmoins ses insuffisances en évoquant la "violence inouïe" de la crise économique actuelle.
En un mot, le président sortant a donc expliqué qu’un mandat supplémentaire lui serait indispensable pour mener à bien les réformes engagées. "Si les Français me font confiance et me confient un second quinquennat, ce dernier ne sera pas conforme au premier. Nous avons mené la réforme sur l’autonomie des universités, la réformes des retraites […]. Tous ces projets commencent aujourd’hui à produire leurs effets."
"François Hollande n’a-t-il donc pas d’idées à proposer ?"
Enfin, le président n’a pas hésité à lancer quelques piques à son rival socialiste qui, au même moment en meeting à Rouen, dénonçait le "fiasco" de l’ère Sarkozy. "J’ai entendu récemment François Hollande […]. Il me critique. Il a le droit, mais n’a-t-il donc pas d'idées à proposer ? N’y a-t-il pas des sujets plus intéressants que moi ?", a demandé Nicolas Sarkozy avant de critiquer le programme du député corrézien. "Est-ce vraiment raisonnable de vouloir embaucher 60 000 fonctionnaires de plus ? De vouloir régulariser tout le monde ?", a-t-il poursuivi.
Au-delà du discours, le candidat a tenté d'apparaître comme un homme "dynamique", à l’opposé de l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin, qu’il a présenté comme l’homme qui incarnait "la démission et le renoncement". "Ce que je veux, c'est que les Français comprennent la situation dans laquelle nous sommes, les réformes que nous devons engager, les choix que nous devons porter. C'est pour cela qu’avec la force dont je suis capable, le dynamisme qui m'habite et surtout la conviction que notre pays a encore bien des choses à dire au monde, je suis candidat à l'élection présidentielle [...]."
Une entrée en campagne bousculée par les sondages
En dépit de l’empressement médiatique de ces dernières semaines, l’annonce de la candidature du chef de l'État sortant, révélée deux mois avant le premier tour de la présidentielle, n’a rien d’exceptionnelle. En 1988, François Mitterrand - alors candidat à sa propre succession - s’était déclaré un mois à peine avant le scrutin.
"Cette entrée en campagne rapide s’explique par le fait que Nicolas Sarkozy n’a pas resserré l’écart qui le sépare de son rival socialiste, François Hollande. Et ce, en dépit de sa prestation télévisuelle du 29 janvier dernier", estime Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinions de l’institut Ifop. Pas surprenant donc, que ce dernier ait décidé de descendre dans l’arène plus tôt que prévu. "L’interview paru samedi dernier dans le Figaro Magazine [interview dans laquelle il a à peine masqué son intention de se représenter, NDLR] sonnait déjà comme une entrée en campagne officielle", ajoute celui-ci, avant de conclure :"Ce qui va désormais donner le 'la' de sa campagne sera non seulement le choix des thématiques mais surtout le style qu'il adoptera".