Un nouveau compte Twitter, une Timeline sur Facebook : le président, dont l'annonce de la candidature à l'Élysée est imminente, fourbit ses armes numériques pour sa campagne. Non sans provoquer de nouvelles polémiques...
Nicolas Sarkozy a inauguré, ce mercredi, un nouveau profil Twitter, @NicolasSarkozy, qui ne compte pour l’instant que deux messages. Le second confirme qu’il est l’invité du 20h de TF1 ce 15 février, un rendez-vous télévisé censé lui servir de rampe de lancement pour sa candidature à l’élection présidentielle de 2012.
Cette nouvelle présence sur le réseau de microblogging du chef de l'État ne peut, en effet, se comprendre que dans le contexte de l’officialisation prochaine de son entrée en lice dans la course à la présidence, les équipes du président n'utilisant, jusqu'à présent, que le fil plus institutionnel de l’Élysée. Cette apparition d’un compte plus personnel lui permet de se mettre au niveau des autres candidats, tous titulaires d’un profil personnel.
L'initiative étonne d'autant plus que cette offensive de charme numérique de Nicolas Sarkozy ne se limite pas à Twitter. Celui-ci a également donné un coup de jeune à sa présence sur Facebook. L’actuel président est, en effet, le seul homme politique français a avoir établi son profil sous forme de Timeline, cette nouvelle fonctionnalité dévoilée par le géant des réseaux sociaux en septembre 2011 qui permet de retracer sa vie, son œuvre, de manière très visuelle.
Un bilan revu et corrigé
Dans ce nouveau profil établi le 10 février, le président nourrit sa page de 700 photos et vidéos qui remontent... à sa naissance. Si cette biographie numérique donne un coup de vieux aux pages Facebook de ses rivaux, elle montre aussi ce que Nicolas Sarkozy ne préfère pas mettre en avant.
La visite controversée du colonel Mouammar Kadhafi à Paris, en décembre 2007, a ainsi disparu de ce bilan 2.0, où il est également impossible de trouver une quelconque référence au fameux discours de Dakar, en juillet 2007, lors duquel le président français avait déploré que “l'homme africain n'[était] pas assez entré dans l'Histoire”.
En fait, cette Timeline sert quasi-exclusivement de miroir politique. À tel point que Cécilia Attias, l’ex-femme de Nicolas Sarkozy et ex-conseillère spéciale de son mari lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur, n’apparait nulle part, tout comme le mariage avec Carla Bruni-Sarkozy. Idem aussi pour certains moments médiatiques forts du parcours de l'actuel chef de l'État, comme la promesse qu'il avait faite avant d'accéder à l'Élysée, en 2006, de “karcheriser” les banlieues, ou le fameux “Casse-toi pauvre con” qu'il avait prononcé au Salon de l’agriculture en 2008. Un lissage de la vie politique et privée du président qui est de bonne guerre, mais qui représente aussi un virage à 180 degrés par rapport à 2007, où celui-ci l'avait très largement mise en scène.
Rôle de Facebook
En revanche, une polémique enfle autour d’une prétendue aide que Nicolas Sarkozy aurait reçu des équipes de Facebook pour créer cette Timeline. Peu après la mise en place de ce journal numérique, Julien Codorniou, responsable des contenus pour Facebook France, trouvait ainsi, sur Twitter, cette Timeline “très impressionnante”. Normal, répond quatre jours plus tard L’Express, qui se demande si le géant des réseaux sociaux n’aurait pas fourni des conseils au locataire de l’Élysée pour profiter au mieux des fonctionnalités du nouvel outil de Facebook. “L'ampleur du travail réalisé est d'autant plus considérable qu'il est de très grande qualité. De la dentelle qui a dû nécessiter de longs mois de préparation et une équipe de pros”, explique à l’hebdomadaire Benoît Thieulin, patron de l'agence numérique La Netscouade et ancien directeur de la campagne web de Ségolène Royal.
Pour les équipes du candidat socialiste François Hollande, le constat est sans appel. Fleur Pellerin, en charge du numérique au sein de l’équipe de campagne socialiste, accuse, dans un mail que L’Express s’est procuré, Julien Codorniou d’avoir “assisté l’équipe web de Nicolas Sarkozy pour construire la Timeline”, ce qui serait “une implication inacceptable de Facebook dans la campagne présidentielle”.
Joint par FRANCE 24, Facebook se défend de toute intervention dans cette affaire. “Nous sommes régulièrement en contact avec de nombreuses personnalités publiques, y compris les partis politiques, pour leur fournir des informations et des conseils sur l'utilisation de nos produits et de notre plate-forme. Ceci est fait en tout impartialité”, affirme le géant américain.