
Après "l'enfarinage" de François Hollande mercredi lors d'un meeting à Paris, le dispositif de protection du candidat socialiste a été considérablement renforcé. Hollande entend néanmoins continuer à entretenir "un lien direct" avec les Français.
Une "mal logée" lilloise de 45 ans a jeté de la farine au visage de François Hollande, perturbant de manière spectaculaire une intervention du candidat PS à l'Elysée dans une manifestation sur le mal logement porte de Versailles à Paris, avant d'être interpellée puis placée en garde à vue.
L'incident s'est produit alors que le député de Corrèze venait de prononcer son allocution à cette manifestation organisée par la Fondation Abbé Pierre, pour la présentation du rapport annuel sur le mal logement.
François Hollande était en train de signer le "contrat social" rédigé par cette Fondation pour demander "un véritable changement d'orientation des politiques" de logement.
Une femme est montée sur l'estrade, se dirigeant vers lui un paquet sous le bras, et lui a lancé de la farine, l'atteignant en plein visage et blanchissant aussi son costume. Elle a été immédiatement été plaquée au sol par le service d'ordre, tandis que résonnaient quelques sifflets à son encontre.
Cette personne a dit s'appeler Claire Séguin, habiter Lille et être âgée de 45 ans. Elle s'est déclarée "absolument à bout de ressources parce que la loi n'est plus appliquée", sans plus de précision, et a affirmé qu'elle était "en train d'être assassinée à Lille par des socialistes".
Claire Séguin tient un blog "sur les atteintes aux libertés et à la vie privée", dans lequel elle se décrit comme "mal logée" et raconte ses fréquents coups d'éclat pour plaider sa cause, dans la rue ou en interpellant les politiques, comme elle l'a déjà fait avec Martine Aubry sur France Inter en décembre.
REUTERS - La sécurité de François Hollande a été renforcée après «l’enfarinage » dont il a été victime mercredi à Paris, a-t-on appris jeudi auprès de son équipe de campagne et du Service de protection des hautes personnalités (SPHP).
Conformément à ce qui avait été planifié avant l’incident qui s’est déroulé lors d’une réunion publique, une quinzaine de fonctionnaires vont être désormais chargés de protéger le candidat socialiste à la présidentielle, saupoudré de farine par une femme alors qu’il signait à la tribune un contrat de la Fondation Abbé Pierre contre le mal-logement.
« On a une montée en puissance de la sécurité du candidat en campagne depuis le 4 décembre », a déclaré sur Europe 1 Gilles Furigo, responsable du SPHP.
« Ce qui avait été décidé avec le Parti socialiste, une montée en puissance jusqu’à une quinzaine de fonctionnaires, est opérationnel à partir d’aujourd’hui », a-t-il expliqué.
Ce nouveau dispositif permettra au candidat d’être en permanence accompagné d’au moins trois fonctionnaires, à même d’opérer autour de lui une surveillance complète « en triangle ».
Une réunion rassemblant les membres du SPHP concernés et le service de sécurité du Parti socialiste est prévue ce jeudi en fin d’après-midi au siège de campagne, à Paris.
Mercredi porte de Versailles, le policier qui accompagnait François Hollande a plaqué au sol l’auteur de l’agression, et le candidat est allé se changer.
« Ce sont les risques du métier », a-t-il ensuite plaisanté devant la presse, déterminé à garder « sa liberté », comme il l’a rappelé jeudi lors de la visite d’un hôpital parisien.
« Je veux avoir ma liberté, ma proximité, je veux rencontrer qui je veux, même en prenant un certain nombre de risques. Tant pis », a-t-il déclaré. « En même temps il y a des personnels ici qui doivent assurer une sécurité, parfois contre moi mais en définitive pour ma propre santé ».
L’incident de la veille a été « pris très au sérieux et, en même temps, à sa juste mesure », a dit à Reuters Nacer Meddah, secrétaire général de l’équipe de campagne du candidat.
Contact direct avec les Français
« La question de la sécurité a été prise en compte dès le début car on sait bien que des choses peuvent se passer pendant une campagne, alors que le candidat souhaite conserver un lien direct avec les Français », a-t-il ajouté.
Le directeur de communication de François Hollande, Manuel Valls, a salué son « calme impressionnant ».
« François Hollande a droit à une vraie sécurité. Mais il a raison de vouloir garder un contact direct avec les Français, écrit-il sur son compte Twitter.
Connue des services de police, l’ »enfarineuse » avait tenté en décembre dernier à Lille de perturber la matinale de France Inter dont l’une des invitées était la première secrétaire du PS Martine Aubry.
Placée en garde à vue dans le XVe arrondissement de Paris immédiatement après l’incident de mercredi, elle a été transférée dans la soirée à l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP), a-t-on appris de source policière. Elle s’y trouvait encore en observation jeudi midi.
« C’était une personne qui n’avait pas toute sa raison », a commenté jeudi François Hollande à son sujet.
Les personnalités politiques sont régulièrement l’objet de menaces et d’agressions de la part du public.
Le 6 janvier dernier, un homme avait par exemple téléphoné à la police pour proférer des menaces contre François Hollande à quelques heures d’un meeting à Mérignac, près de Bordeaux.
En juin dernier, Nicolas Sarkozy avait été pris à partie par un spectateur lors d’un déplacement à Agen dans le Lot.
Dans ce contexte, le travail des policiers est délicat, explique Gilles Furigo.
« Le candidat, on ne peut pas le mettre sous cloche. Il veut aller au contact de la population. Nous on doit l’accompagnement essayer de le préserver tout en étant le plus discret possible, donc c’est un peu la quadrature du cercle », a-t-il dit.