Le modéré Mitt Romney a conforté sa position de favori à l’investiture républicaine pour la présidentielle de novembre en s’imposant largement devant son rival, l’ultraconservateur Newt Gingrich, lors de la primaire de Floride, mardi.
Mitt Romney est reparti du bon pied en Floride après sa déconvenue en Caroline du Sud. Le candidat à l’investiture républicaine a remporté, dans la nuit de mardi à mercredi, la primaire de cet État stratégique et creuse l’écart avec ses concurrents. Avec un peu plus de 46 % des voix, il a nettement dominé son principal rival, Newt Gingrich (32 %), ainsi que l’ultraconservateur Rick Santorum (13 %).
Aussitôt après l’annonce des résultats, l’ancien gouverneur du Massachusetts s’en est pris à Barack Obama, comme pour indiquer que son principal adversaire est désormais le président des États-Unis. "Monsieur le président, vous avez été élu pour mener et vous avez choisi de suivre. Maintenant il est l’heure pour vous de laisser la place !", a-t-il lancé devant ses supporters réunis au Convention Center de la ville de Tampa.
it"Les partisans de Romney sont soulagés après l’annonce de ce résultat qui va au-delà de leurs espérances", indique Philippe Levasseur, envoyé spécial de FRANCE 24 à Tampa. "Mitt Romney l’a emporté sur tout l’échiquier politique de Floride : auprès des hispaniques, des jeunes, des retraités et même auprès des ultraconservateurs du Tea Party".
Il y a quelques jours seulement, les perspectives de victoire de Romney en Floride étaient encore fragiles, mais son échec en Caroline du Sud l’a poussé à montrer un tout autre visage, autrement plus agressif.
Une campagne agressive
Après avoir passé des semaines à critiquer Obama, Mitt Romney avait recentré ses attaques contre Gingrich lors de sa campagne en Floride, ne reculant devant aucun procédé : publicités, discours, débats et mise en avant de personnalités soutenant sa candidature, tels John McCain, sénateur et candidat malheureux à la présidentielle américaine de 2008, ou l’acteur Jon Voight.
"Il a dépensé des millions de dollars dans cet État avec des spots publicitaires très agressifs contre Newt Gingrich. Une campagne publicitaire qui s’est révélée être redoutablement efficace, même si certains supporters de Romney nous ont dit qu'il avait parfois été trop loin dans l’agressivité et que leur camp pourrait en pâtir plus tard", analyse Philippe Levasseur.
La combativité de Romney, la semaine dernière, au cours de deux débats télévisés en Floride, a par ailleurs largement contribué à renforcer sa cote de popularité au détriment de celle de son adversaire.
Certaines idées saugrenues de Gingrich ont également représenté une précieuse source d’inspiration pour le conservateur mormon. Sa proposition d’installer une colonie permanente sur la lune en 2020, dévoilée mercredi dernier, a ainsi provoqué l’hilarité de Romney et de son équipe, qui ont brandi ce projet comme la preuve de la nature erratique de leur adversaire. "C'est peut-être une grande idée, mais ce n'est pas une bonne idée", a répliqué Romney, invoquant le coût pharaonique d’un tel projet.
Gingrich veut rester en course
Malgré sa défaite en Floride, Newt Gingrich assure toutefois ne pas vouloir renoncer. "Il est maintenant clair que nous sommes dans une course à deux, entre le leader conservateur Newt Gingrich, et le modéré du Massachussets. (...) Nous allons nous battre partout, nous gagnerons et nous reviendrons à Tampa en vainqueur en août", a-t-il affirmé après l’annonce de la victoire de Romney. Gingrich a d’ailleurs aussitôt lancé de nouvelles attaques contre son adversaire, notamment sur son immense fortune. "Le président Abraham Lincoln disait que nous sommes un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple et pendant les six prochains mois, je vous le dis, ce sera le pouvoir du peuple contre le pouvoir de l'argent ! "
L’ancien président de la Chambre des représentants lorgne par ailleurs toujours les voix du conservateur Rick Santorum, qui pourrait prochainement abandonner la course à l’investiture, dont la prochaine étape se déroulera le 4 février dans le Nevada. Celui-ci estime qu’une telle défection le propulserait en tête des sondages en tant que seule alternative ultraconservatrice possible au libéralisme de Romney.
Un scénario toutefois hautement improbable pour Larry Sabato, professeur de science politique à l’université de Virginie. "Si Santorum se retire, ses soutiens se répartiront entre Gingrich et Romney", a-t-il prédit au cours d’une interview téléphonique accordée à FRANCE 24.
John Fortier, du Centre de politique bipartisan, estime lui aussi qu’une victoire de Gingrich s’annonce difficile. "Même s’il remporte plusieurs primaires dans des États du Sud, il lui sera difficile d’obtenir ailleurs le soutien d’une frange assez large de républicains pour poursuivre jusqu’à la fin", affirme le chercheur.
Ne perdant pas une miette de la primaire républicaine, l’équipe de campagne d’Obama se délecte des luttes intestines qui animent le parti de l'éléphant. La cote de popularité du président américain a d’ailleurs gagné quelques points depuis le lancement des primaires.
Mais pour John Fortier, l’histoire prouve que le camp démocrate ne tirera pas forcément bénéfice d’une longue lutte entre Romney et Gingrich. "La longue bataille [entre Obama et Hillary Clinton, NDLR] lors des primaires démocrates en 2008 n’a pas affecté la victoire d’Obama à l’élection présidentielle, rappelle-t-il. La lutte entre les deux républicains ne devrait donc pas nuire à Romney. Au final, les électeurs reviennent toujours vers leur parti".