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Primaires républicaines : Romney reprend la main avec une large victoire en Floride

Le modéré Mitt Romney a conforté sa position de favori à l’investiture républicaine pour la présidentielle de novembre en s’imposant largement devant son rival, l’ultraconservateur Newt Gingrich, lors de la primaire de Floride, mardi.

REUTERS - Dix jours après avoir subi un coup d’arrêt en Caroline du Sud, Mitt Romney a remporté haut la main mardi la primaire républicaine de Floride et conforte ses chances d’être investi par son parti pour affronter Barack Obama en novembre.

En s’imposant largement dans le quatrième Etat le plus peuplé du pays, l’ex-gouverneur du Massachusetts remet sa campagne dans le sens de la marche et, avec un peu plus de 46% des voix, creuse un avantage conséquent sur son plus proche rival, Newt Gingrich (32%).

Mais l’ancien « speaker » (président) de la Chambre des représentants a annoncé qu’il restait en lice, même si les tout prochains rendez-vous de la course à l’investiture républicaine lui seront théoriquement défavorables.

L’ancien sénateur Rick Santorum, le candidat conservateur chrétien qui avait créé la surprise en remportant les caucus de l’Iowa début janvier, obtient lui un peu plus de 13% des voix tandis que l’élu « libertarien » du Texas, Ron Paul, réunit 7% des suffrages.

La Floride, quatrième étape du processus de désignation après l’Iowa, le New Hampshire et la Caroline du Sud, est l’Etat le plus peuplé à se prononcer depuis le début de la campagne des primaires républicaines.

Dans son discours prononcé à Tampa, où se réuniront dans sept mois les délégués du Parti républicain pour investir leur candidat, Mitt Romney a promis de surmonter les divisions et les rancoeurs nées de la campagne interne.

« A mesure que se déroule cette primaire, nos adversaires de l’autre parti (ndlr, démocrate) nous observent et aiment se conforter dans l’idée qu’une campagne aussi ouverte va nous diviser et nous affaiblir. Mais j’ai un message pour eux: une primaire ne nous divise pas, elle nous prépare, et nous gagnerons », a dit le milliardaire mormon, co-fondateur du fonds d’investissement Bain Capital.

« Et lorsque nous serons de retour ici à Tampa pour notre convention, notre parti sera un parti uni avec un ticket gagnant pour l’Amérique », a-t-il lancé à ses partisans.

L’âpreté de la campagne, les attaques personnelles et les divisions apparentes de l’électorat républicain menacent cependant de laisser des traces lorsqu’il faudra en découdre avec Barack Obama.

« Je pense que Romney comme Gingrich sortent atteints de ce combat rapproché en Floride », estime Ed Rollins, stratège électoral chevronné du Parti républicain. « Je n’ai jamais vu pareille chose dans une campagne électorale », ajoute-t-il.

Calendrier favorable à Romney

La Floride ne désigne que 50 délégués à la convention, quand il en faut 1.144 pour être investi. A ce jour, Romney dispose au total de 71 délégués, Gingrich de 23.

Mais sa victoire dans le « Sunshine State » place Mitt Romney en position idéale, les échéances à venir lui donnant théoriquement l’avantage tandis que Newt Gingrich va devoir lui attendre sans doute le « Super Tuesday », le 6 mars, pour espérer renverser la tendance.

Dans le Nevada, qui votera à son tour le 4 février et où ses coreligionaires mormons sont fortement représentés, Mitt Romney avait remporté 51% des voix il y a quatre ans, lorsqu’il avait tenté une première fois d’obtenir l’investiture du Parti républicain.

Puis ce sera au tour du Minnesota, du Colorado et du Missouri le 7 février.

Quatre des Etats concernés par les primaires de février - Nevada, Maine, Colorado et Minnesota - votent par le système des caucus qui demandent une solide organisation et peuvent profiter à Romney, qui dispose d’une équipe de campagne mieux structurée et plus riche que ses adversaires.

Le 28 février, ce sera le Michigan, où Mitt Romney a grandi et dont le père fut le gouverneur, qui se prononcera.

Pour les politologues, l’avance qu’il a creusée sur Gingrich en Floride cimente son statut de candidat le mieux à même de remporter l’investiture du Grand Old Party.

« La campagne de Gingrich va affronter une ‘marche de la mort de Bataan’ (ndlr, épisode tragique de la Deuxième Guerre mondiale en 1942 aux Philippines) pendant les trois semaines à venir, avec peu d’occasions de lever des fonds, d’inverser la dynamique ou de briser l’élan qui porte Romney », analyse Matt Machowiak, consultant républicain.

Mais pour l’avoir enterré à deux reprises déjà depuis le début de la campagne - en juin dernier lorsqu’une partie de son état-major l’a abandonné puis après l’Iowa, où il s’était effondré alors que les sondages le voyaient en tête deux semaines plus tôt -, les observateurs ont appris à ne plus le rayer de la carte politique.

Reconnaissant sa défaite, Newt Gingrich a promis de continuer son combat. « Il est à présent clair que nous sommes engagés dans un duel entre le dirigeant conservateur Newt Gingrich et le modéré du Massachusetts », a-t-il dit, employant l’expression dont il affuble depuis des semaines son rival.

« Encore 46 Etats », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par ses partisans.

Campagne aggressive

La victoire de Mitt Romney en Floride est aussi une démonstration de sa capacité à mener une campagne agressive.

Le scrutin en Floride devait se résumer à un duel entre Mitt Romney et Newt Gingrich, dont la candidature avait été relancée par sa spectaculaire victoire en Caroline du Sud.

L’ex-« speaker » de la Chambre des représentants, artisan de la « révolution conservatrice » du début années 1990, espérait attirer sur son nom les électeurs conservateurs de Floride. Mais il estimait aussi que les divisions de l’aile la plus à droite du Parti républicain, avec notamment la candidature de Rick Santorum sur sa droite, favorisaient Romney.

Piqué par sa défaite en Caroline du Sud, ce dernier s’est montré pour sa part plus incisif lors des débats pré-électoraux et ses partisans ont fait diffuser des spots de campagne particulièrement agressifs à l’égard de Gingrich, mettant en cause son travail de lobbyiste pour le géant des prêts hypothécaires Freddie Mac ou ses infractions au code d’éthique du Congrès dans les années 1990.

« Nous nous sommes laissés marcher dessus par le ‘speaker’ Gingrich en Caroline du Sud, nous avons donc décidé de riposter », expliquait Romney à la veille du scrutin sur la chaîne NBC.

Mais la dureté des échanges commence à inquiéter. En campagne dans le Nevada, Rick Santorum s’en est pris mardi soir à la violence de la campagne en Floride et a rappelé que le Parti républicain ne devait avoir qu’un seul objectif: battre Obama le 6 novembre.

« Nous n’y arriverons pas en nous traînant mutuellement dans la boue. S’il y a un message à retenir de la campagne de Floride, c’est que les républicains peuvent faire mieux que cela », a-t-il prévenu.