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Aux côtés de ceux qui risquent leur vie pour organiser les manifestations anti-Assad

Le troisième épisode de notre série de reportages exclusifs sur la Syrie se déroule à Binich, une ville du nord-ouest du pays, où des opposants au régime risquent quotidiennement leur vie pour organiser la résistance.

C’est à l'écart de Binich, dans une ferme isolée, que se préparent en toute clandestinité les manifestations qui se tiennent quotidiennement dans cette ville du nord-ouest de la Syrie. Le porte-parole de l’insurrection, Ibrahim, y rédige des textes révolutionnaires qui seront repris par la foule. Âgé de 18 ans, il dit préférer les chansons rythmées "qui conviennent à l'état d'esprit des gens". "L'armée libre utilise des armes pour nous défendre. Notre bataille à nous, c'est celle-ci, celle de la parole", lance-t-il fièrement.

À ses côtés se tient Badr, un ancien instituteur devenu cyberactiviste. Celui-ci a bien conscience de risquer sa vie chaque fois qu’il connecte son ordinateur à Internet, mais il ne veut pas renoncer à utiliser ce qu’il considère comme "une véritable arme". "Cet appareil est notre seul lien avec le monde extérieur. C'est ce qui nous permet de faire porter notre voix. Il a la même valeur qu'une vie humaine, parce qu'il transmet à l'extérieur ce qui se passe à l'intérieur."

Grâce à son installation, Badr retransmet chaque jour sur Internet les manifestations. "Nous sommes recherchés par les services de sécurité, mais nous prenons nos précautions. Nous ne dormons jamais deux jours de suite au même endroit."

Ces opposants tiennent à organiser des mouvements de protestation tous les jours dans leur ville."Les manifestations quotidiennes sont importantes, même si ceux qui y participent ne sont pas nombreux. Même s'ils ne sont que 50, il est important que le pouvoir voie une mobilisation permanente", estime Ibrahim.

Niché dans un appartement surplombant la place où se sont réunis les manifestants, Badr filme et retransmet la manifestation sur la toile. C’est ainsi que, tous les jours, ces jeunes opposants organisent la résistance au régime. Malgré le danger, ils veulent montrer au monde que le drapeau de l'indépendance flotte toujours sur la place centrale de Binich.