Les membres de l'Union africaine (UA) ne sont pas parvenus à désigner le successeur du Gabonais Jean Ping, qui brigue un nouveau mandat, à la tête de la Commission. Face à cet imbroglio, celui-ci a été reconduit provisoirement pour cinq mois.
AFP - Le sommet de l'Union africaine n'est pas parvenu lundi à Addis Abeba a élire un président pour son organe-clé, la Commission, les chefs d'Etat se divisant entre le Gabonais Jean Ping et la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma.
Quatre tours de scrutin ont exposé les lignes de fracture entre Afrique anglophone et francophone, australe et occidentale, dans un climat qualifié de "houleux" par le président béninois, Thomas Boni Yayi.
Ce 18e sommet, le premier depuis la chute du libyen Mouammar Kadhafi, figure historique et controversée de l'organisation, se termine ainsi de façon inattendue.
L'UA dispose d'un splendide nouveau siège offert par la Chine pour 200 millions de dollars (154 M EUR), inauguré samedi, mais pas d'une nouvelle équipe élue pour s'y installer et diriger cette organisation réunissant 54 pays et représentant un milliard d'habitants.
"Aucun des deux candidats en lice ne l'a emporté", a indiqué à la presse le président de la Zambie, Michael Sata, et "la prochaine élection aura lieu en juin", au prochain sommet de l'UA, prévu à Lilongwe, capitale du Malawi.
Jean Ping, 69 ans, en poste depuis 2008, a devancé légèrement sa concurrente sud-africaine, ancienne ministre sud-africaine des Affaires étrangères et ex-épouse du président Jacob Zuma, lors de trois premiers tours (28 voix contre 25, 27/26, 29/24 voix), selon des sources concordantes.
Mme Dlamini-Zuma, 63 ans, actuelle ministre de l'Intérieur, a été alors contrainte par le règlement de retirer sa candidature, mais M. Ping -- ancien homme de confiance de l'ex-président Omar Bongo --, pourtant alors seul en lice, n'a pas atteint la majorité des deux-tiers requise. Il a obtenu au quatrième tour 32 voix, et 20 bulletins blancs, à quatre voix de la majorité qualifiée exigée.
Danse de joie sud-africaine après l'échec de Ping
A l'annonce de l'échec de M. Ping, une dizaine de membres de la délégation sud-africaine ont dansé de joie pendant plusieurs minutes dans les couloirs de l'hémicycle, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Le résultat a montré les divisions au sein du continent" et "il peut également signifier que les Africains ne veulent pas d'un pays de poids comme l'Afrique du Sud à la présidence", a relevé Jakkie Cilliers, directeur exécutif de l'Institut d'études pour la sécurité à Pretoria.
Face à cet imbroglio, les chefs d'Etat ont finalement décidé de reconduire provisoirement, jusqu'à leur sommet de juin, M. Ping et son équipe.
Un comité de huit chefs d'Etat africains a été chargé entretemps d'arrêter les modalités du prochain vote en juin, et de décider si les deux candidats non élus lundi pourraient alors se présenter à nouveau, a précisé M. Boni Yayi.