
En dépit de la polémique entourant le mode de désignation de son dirigeant, le nouveau groupe né de la fusion entre les Caisses d'épargne et les Banques populaires a entériné la nomination de François Pérol à sa tête (à dr. sur la photo).
AFP - La Caisse d'Epargne et la Banque Populaire ont porté à leur tête leur nouveau patron, le secrétaire général de l'Elysée François Pérol, concrétisant jeudi de facto une fusion accélérée par l'Etat sur fond de polémique.
Sans attendre la décision de la commission de déontologie de la Fonction publique, les deux banques mutualistes ont désigné M. Pérol à leur tête, une façon de marquer leur volonté de s'unir, même si le mariage n'a pas encore été formellement prononcé.
"L'arrivée de François Pérol à la présidence du directoire de la Caisse d'Epargne et à la direction exécutive de la Banque populaire permettra, je n'en doute pas, de faciliter la réalisation de notre projet", a déclaré à la presse Bernard Comolet, le président démissionnaire du directoire de l'Ecureuil.
M. Pérol était présent à la fin de la réunion du conseil de surveillance de la Caisse d'Epargne qui a entériné sa prise de fonction le 2 mars.
"Je connais Pérol, j'apprécie ses compétences et ses qualités, je le sens capable de mener à bien ce projet", a renchéri le patron de Banque Populaire, Philippe Dupont, lors d'une conférence de presse distincte.
"Nous vivons un moment exceptionnel car la fusion est près d'être officialisée", a-t-il dit. Une "communication officielle" est attendue en fin d'après-midi, voire vendredi matin au plus tard.
Le rôle de l'Etat dans ce projet, annoncé au plus fort de la crise financière en octobre, a suscité des remous cette semaine, surtout du côté de la Caisse d'Epargne. Très attachée à son indépendance, qu'elle n'a acquise complètement qu'en 2006, la banque a en outre vécu comme une humiliation l'annonce par l'Etat de son intention de prendre jusqu'à 20% du capital du futur groupe en échange d'un prêt de 5 milliards d'euros.
BNP Paribas va bénéficier d'un prêt du même montant sans qu'il ait jamais été question que l'Etat rentre à son capital ou débarque son président Michel Pébereau, avait confié, amer, un dirigeant d'une Caisse d'épargne à l'AFP.
"Je suis convaincu qu'aujourd'hui la meilleure solution pour notre maison est d'accepter l'aide de l'Etat et d'en assurer les contreparties", a pourtant plaidé M. Comolet.
Plombées par les déboires de leur filiale Natixis, la Caisse d'Epargne a en effet dévoilé une perte de 2 milliards d'euros, la première de son histoire, et Banque Populaire de près de 500 millions.
En outre, elles ne sont pas arrivées à s'entendre, obligeant l'Etat à jouer le rôle d'arbitre et l'incitant finalement à imposer un homme à lui, au-dessus de la mêlée.
Sur le terrain politique, la polémique entourant le parachutage de M. Pérol continuait de plus belle jeudi.
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a demandé des "excuses" aux chefs du PS Martine Aubry et du Modem François Bayrou.
La première avait évoqué "les mensonges" de Nicolas Sarkozy qui avait laissé entendre mardi que la commission de déontologie avait donné son accord à la nomination de M. Pérol, alors qu'il ne s'agissait que d'un avis de son président. Le second avait pour sa part jugé cette nomination "illégale".
Edouard Balladur a estimé que le gouvernement courait un risque si la commission de déontologie n'était "pas d'accord" avec cette nomination. Et pour la présidente du Medef Laurence Parisot, il faut "la laisser se réunir" et dire si "oui ou non il y a une difficulté dans cette nomination".