Chefs d’État et responsables économiques sont réunis depuis mercredi à Davos, en Suisse, pour le 42e Forum économique mondial. Mais alors que la planète finance et l’élite économique sont stigmatisées, ce sommet a-t-il encore une raison d'être ?
"Le monde est dans un état d’épuisement total". Ce constat avait été dressé, fin novembre, par Klaus Schwab, président et fondateur du Forum économique mondial dont la 42e édition a débuté mercredi 25 janvier à Davos en Suisse. À l’heure où le rôle du monde de la finance dans la crise est pointé du doigt et où l’incapacité des dirigeants à trouver des solutions pour doper la croissance est soulignée, ce rassemblement peut paraître déplacé voire anachronique. Dans quel état se trouve en effet
itle célèbre forum qui réunit, chaque année pendant quatre jours, l’élite économique et politique mondiale ? Jean Imbs, économiste à l’École d’économie de Paris, explique à FRANCE 24 qu’il ne faut pas surestimer l’importance de Davos.
FRANCE 24 : Est-ce que le sommet de Davos a encore une raison d’être alors qu'il réunit décideurs économiques et représentants du monde de la finance, responsables pour certains, de la situation économique actuelle ?
Jean Imbs : Il ne faut pas se tromper sur ce qu’est le Forum économique mondial de Davos. Ce n’est pas un sommet pour prendre des décisions, mais c’est une sorte de rendez-vous où les grands de ce monde se retrouvent pour cultiver leurs réseaux et discuter entre eux des problèmes de ce monde.
C’est pourquoi j’ai du mal à comprendre que Davos soit pris pour cible par les opposants au système actuel. Je trouverais plus logique - sans pour autant le cautionner - de s’en prendre à des institutions comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou le Fonds monétaire internationale (FMI).
F24 : Pourtant, il y a quelques années, les conclusions des discussions qui se tenaient à Davos étaient attendues comme des analyses presque définitives des grands problèmes de ce monde...
J. I. : Oui, il y a eu une surenchère médiatique et une bulle autour de ce qui se disait lors du Forum ces dernières années. L’un des changements induits par la crise financière puis économique est d’avoir remis Davos à sa place et de ne plus en faire un lieu d’où viennent les solutions aux problèmes du monde.
Je pense que ce sommet est le reflet de la pensée économique sur le rôle de la déreglementation et de l’État providence. Cette année, les discussions devraient davantage mettre en avant l’importance de réglementer les marchés financiers.
F24 : Dans ce cas, Davos a-t-il encore un intérêt ou est-ce devenu un sommet anachronique ?
J. I. : Le sommet est en fait une voix parmi tant d’autres, comme les instituts de statistiques et les clubs de réflexion, dans le débat économique actuel. L’avantage du Forum économique mondial c’est qu’il rassemble au même endroit un grand nombre de décideurs et que par conséquent il est intéressant d’avoir le point de vue de personnes qui ont un accès direct à l’information. Ainsi, le discours d’Angela Merkel [de mercredi après-midi, NDLR] devrait en dire long sur les enjeux de la crise dans la zone euro.