logo

#Jan25, plus qu’un hashtag, une “prise de la Bastille” numérique ?

Il y a un an apparaissait le mot-clé #jan25 sur Twitter, marquant ainsi non seulement la révolution égyptienne mais plus généralement l’avènement d’une nouvelle forme de militantisme : le cyber-activisme.

 Le 15 janvier 2011, une jeune Égyptienne de 21 ans connue sous le pseudonyme d'Alyouka sur Twitter publiait le message suivant :  “plus de 16 000 personnes vont manifester [au Caire, NDLR] le #jan25, rejoignez-nous!”. Un gazouilli similaire à tant d’autres appels à la révolte depuis le début du printemps arabe en Tunisie en décembre 2010. Mais celui-ci allait faire date dans l’histoire de la révolution égyptienne : il est le premier tweet à utiliser le hashtag (mot-clé) #jan25, devenu un an plus tard l’une des références du soulèvement populaire qui a mené à la chute du régime de Moubarak le 11 février 2011.

Symbole de l’importance du rôle des réseaux sociaux dans le printemps arabe, ce mot-clé est surtout devenu acteur de l’Histoire en cours. “Il peut même être considéré comme l’équivalent pour la révolution égyptienne de ce que la prise de la Bastille a été pour la révolution française”, juge Charlie Beckett, directeur du département de communication à la London School of Economics. “Comme la prise de la Bastille, l’utilisation de ce mot-clé sur Twitter n’est pas une étape essentielle dans le déroulement des événements, mais son introduction a permis d’offrir un marqueur simple et fort auquel les révolutionnaires égyptiens pouvaient se référer”, explique-t-il à FRANCE 24.

Tout au long de la mobilisation populaire, #jan25 a été utilisé dans des dizaines de milliers de gazouillis. Il a permis d'évaluer la rapidité de propagation des appels à manifester. Le célèbre réseau social américain de microblogging a même demandé après la fin de la révolution égyptienne à Alyouka de raconter l’histoire de son tweet fondateur sur le blog officiel hope140.org de Twitter consacré aux messages passés à la postérité. Elle y explique que Twitter a eu “un impact énorme pour permettre aux Égyptiens de partager les informations pratiques durant les manifestations”.

De la diffusion à l’organisation

C’est l’autre héritage du hashtag #jan25. “L’utilisation de ce mot-clé souligne à quel point les populations durant les révolutions arabes ne se sont pas seulement servies des médias sociaux pour diffuser l’information mais également pour organiser les actions”, explique Charlie Beckett. Ainsi, les opposants libyens au régime de Mouammar Khadafi ont utilisé, dans le même but, le hashtag #feb17.

Avant la révolution égyptienne, les réseaux sociaux permettaient essentiellement aux cyber-militants de sensibiliser l’opinion internationale aux événements auxquels les médias traditionnels n’avaient pas accès, à cause notamment de la censure, comme dans le cas du mouvement vert iranien de juin 2009.

Mais les cyber-militants du monde entier ne sont pas les seuls à avoir tiré les leçons de l’utilisation de mots-clés, tel que le célèbre #jan25. Les régimes autoritaires ont eux aussi compris à l’occasion des révolutions en Tunisie et en Egypte l’importance prise aujourd’hui par les réseaux sociaux. “En Syrie, les autorités se servent très bien à présent de ces réseaux pour traquer et retrouver les opposants [au président Bachar al-Assad] et aussi pour diffuser leur propre message de propagande”, conclut Charlie Beckett.

Crédit photo : Gigi Ibrahim/Flickr