
Alors que les ministres des Affaires étrangères européens ont approuvé un embargo sur le pétrole iranien qui doit entrer en vigueur le 1er juillet 2012, Paris, Londres et Berlin ont exigé l'arrêt "immédiat" du programme nucléaire de Téhéran.
Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont une nouvelle fois demandé lundi à l'Iran de "suspendre immédiatement" leur programme nucléaire après l'adoption par l'Union européenne (UE) de nouvelles sanctions contre Téhéran, dans un communiqué commun publié par l'Elysée.
"Nous demandons instamment aux dirigeants iraniens de suspendre immédiatement leurs activités nucléaires sensibles", écrivent la chancelière allemande, le Premier ministre britannique et le président français, ajoutant toutefois que "la porte est ouverte si l'Iran accepte de s'engager sérieusement dans des négociations de fond sur son programme nucléaire".
"Tant que l'Iran ne sera pas revenu à la table des négociations, nous resterons unis pour appliquer des mesures fortes qui compromettent la capacité du régime à financer son programme nucléaire et qui montrent ce qu'il en coûte d'emprunter une voie qui menace notre paix et notre sécurité à tous", concluent Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et David Cameron. (AFP)
REUTERS - L'Union européenne a décidé lundi d'imposer un embargo sur le pétrole iranien dans l'espoir de contraindre Téhéran à négocier sur son programme nucléaire, tout en se donnant le temps de trouver des sources d'approvisionnement alternatives.
Validées par les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles, ces sanctions qui visent l'importation, l'achat et le transport de brut et de produits pétroliers iraniens n'entreront pleinement en vigueur que le 1er juillet.
Cet embargo s'accompagne d'un gel des actifs de la banque centrale d'Iran et de toutes ses transactions liées au pétrole, ainsi que toutes ses transactions en or et métaux précieux.
D'ici le 1er juillet, les contrats déjà signés entre la République islamique et les pays membres de l'UE pourront être honorés, ont précisé des responsables européens.
Ce délai devrait également permettre à des pays fortement dépendants du brut iranien, ceux d'Europe du Sud principalement, de trouver d'autres fournisseurs. L'Union européenne est le premier acheteur de brut iranien avec la Chine, et le pétrole représente 90% des exportations iraniennes vers l'UE.
L'Iran assure que son programme nucléaire vise à augmenter sa production d'électricité pour faire face à des besoins en énergie croissants mais l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a estimé dans un rapport en novembre que l'Iran avait travaillé à la conception d'une bombe atomique.
LA GRÈCE INQUIÈTE
Les sanctions européennes vont s'ajouter aux mesures de rétorsion similaires déjà prises par les Etats-Unis le 31 décembre.
Les prix du pétrole évoluaient en légère hausse lundi à Londres en début d'échanges européens, dans un marché réagissant peu à la perspective de l'embargo graduel sur le brut iranien .
Vers 09H50 GMT (10H50 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 110,29 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en progression de 43 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges européens sur le New York Mercantile Exchange, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance se maintenait en revanche autour de l'équilibre, cédant 1 cent à 98,32 dollars.
Cet effort sans précédent engagé contre le secteur pétrolier iranien depuis plusieurs semaines a provoqué de vives tensions entre les Occidentaux et Téhéran, qui a menacé de fermer le détroit d'Ormuz par où transite un cinquième du brut mondial.
La porte-parole pour la politique extérieure de l'UE, Catherine Ashton, a exprimé l'espoir que cet embargo conduirait Téhéran à rouvrir des discussions avec les puissances occidentales, qu'elle représente dans les négociations.
"Je veux que la pression de ces sanctions conduise à des négociations", a-t-elle déclaré à la presse avant la réunion des ministres des Affaires étrangères. "Je veux voir l'Iran revenir à la table des discussions, soit en reprenant toutes les idées que nous avons proposées (...) l'an dernier (...) soit en apportant ses propres idées."
L'Iran est le deuxième producteur de brut de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) derrière l'Arabie saoudite et produit environ 3,5 millions de barils par jour, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie.
Les pays européens importent environ 600.000 barils par jour sur les 2,6 millions qui sont exportés. L'impact de l'embargo sur les économies des pays membres sera évalué avant le 1er mai, ce qui pourrait jouer sur la date de la pleine entrée en vigueur des sanctions, notent des diplomates.
Cette approche graduelle vise à répondre aux inquiétudes des pays du sud de l'Europe, Italie, Espagne, Grèce, qui dépendent fortement du brut iranien pour répondre à leurs besoins.
La Grèce importe d'Iran près du quart de son pétrole, grâce à des conditions financières favorables avec Téhéran.
"La situation financière de la Grèce n'est pas des plus brillantes aujourd'hui, et elle nous demande à juste titre de l'aider à trouver une solution", a confié un haut responsable de l'UE vendredi aux journalistes.