
au Bourget (Seine-Saint-Denis) – Politique, finance, Constitution, Europe... François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle, a tenu dimanche son premier grand discours de campagne, devant plus de 15 000 personnes. Il a annoncé les grandes lignes de son programme.
Ses proches avaient annoncé qu’il allait fendre l’armure, montrer le "vrai François Hollande", lors de son premier grand meeting, ce dimanche 22 janvier. Plutôt réservé sur sa personne, le - pudique - candidat socialiste s’est en effet essayé à dresser son autobiographie, devant plus de 15 000 personnes rassemblées dans un hall du Parc des expositions du Bourget (Seine-Saint-Denis).
Toujours sobre dans ses habits de candidat - veste sombre, chemise blanche, cravate bleu nuit -, celui qui s’est décrit comme un "élu de la France rurale" s’est presque excusé de ne pas être plus expansif. "Je revendique une simplicité qui n'est pas une retenue, mais la marque de l'authentique autorité. Mon secret, que j'ai gardé depuis longtemps, le voici : j'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent." Une attaque à peine voilée en direction de Nicolas Sarkozy, qu’il s’est bien gardé de citer tout au long de son discours. "Ce discours ne lui a pas été rédigé par une plume, ce sont ses mots. Il les a mis en musique depuis plusieurs jours, c’est un discours authentique", glissait quelques secondes auparavant sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem.
Un projet pour la France
Passés quelques souvenirs d’enfance, récités sur un ton un peu hésitant, le candidat est vite revenu à ce qu’il maîtrise le mieux : le discours politique et la présentation de son projet pour la France.
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Parmi les grands thèmes abordés : la réforme de la finance. Car, dimanche après-midi, ce n’était pas le très probable candidat de la droite le "véritable adversaire" de François Hollande, mais "le monde de la finance". Cette finance, "qui n’est pas candidate", "qui ne sera donc jamais élue", mais qui, pourtant, gouverne. "Maîtriser la finance commencera par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit et de spéculation. Les produits financiers sans lien avec les nécessités de l'économie réelle seront purement et simplement interdits. Les stock-options et les bonus seront encadrés", a-t-il promis.
Des attaques qui font mouche auprès des milliers de jeunes venus des quatre coins du pays pour l'entendre. La jeunesse, c’est sur elle que le candidat veut axer sa campagne, alors il la choie. "Au-delà de la crise […] c’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France."
Les plus jeunes militants avaient été galvanisés par un mini-concert donné en ouverture, et pieds nus, par Yannick Noah. Le chanteur, présenté comme "le préféré des Français", compte parmi les nombreux artistes venus apporter leur soutien au candidat. Artistes dont François Hollande a honoré la contribution en citant Camus, Baudelaire et Shakespeare.
La laïcité bientôt inscrite dans la Constitution ?
Autre réforme annoncée : l’inscription dans la Constitution du principe de laïcité. "Présider la République, c'est être viscéralement attaché à la laïcité. C'est une valeur qui libère et qui protège."
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La politique étrangère, largement absente de la campagne jusque-là, a également été abordée par François Hollande, pour qui la mission de la France en Afghanistan est terminée : "Il est temps d'assurer le retrait de nos troupes." Le candidat socialiste a par ailleurs réaffirmé qu’il voulait que la France conserve son siège au Conseil de sécurité de l’ONU - en réponse aux écologistes, qui ont proposé d’abandonner le droit de veto du pays.
Concernant l’Europe, Hollande a promis, s'il est élu, "un nouveau pacte franco-allemand" dès janvier 2013. "L'Europe a bien des défauts, je les connais. Mais en même temps, elle est notre bien commun. Défendons-là !"
"Reprendre le rêve républicain"
Après avoir témoigné de la haute estime qu’il a de la France de 1789, de celle de la Troisième République, de celle de mai 68, il a invité les Français à reprendre "le rêve républicain" lors d’un final largement applaudi, malgré quelques bafouillages. "Le rêve français, c’est l’affirmation des valeurs universelles. C’est notre histoire, notre projet. Il nous ressemble, il nous rassemble."
Visiblement ému en fin de discours, il s’est accordé un bain de foule au milieu des cadres du parti et de son équipe.
"C’est un moment important, mais la campagne sera longue ", commente Najat Vallaud-Belkacem. "Des meetings comme celui du Bourget, il y en aura d’autres et ils sont déjà en préparation."