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Alors que la Banque centrale européenne tient sa réunion mensuelle ce jeudi, l'Espagne et l'Italie ont emprunté sur les marchés à des taux d'intérêt favorables dans un contexte de nervosité persistante autour de la crise de la dette.

AFP - L'Italie et l'Espagne ont affronté jeudi avec succès leur premier test de l'année sur les marchés alors que la BCE tient sa réunion mensuelle et que les négociations se poursuivent entre la Grèce et ses créanciers privés.

Pour son premier rendez-vous de 2012 sur le marché de la dette, l'Italie a levé comme prévu 12 milliards d'euros à court terme et a vu ses taux à un an chuter à 2,735% contre 5,952% en décembre tandis que l'Espagne a emprunté 9,986 milliards d'euros à moyen terme, soit le double de son objectif, à des taux également en forte baisse.

Les investisseurs ont exprimé leur soulagement: les Bourses prenaient 3,18% à Milan et 1,62% à Madrid à 11H10 GMT tandis que les taux obligataires à dix ans des deux pays se détendaient nettement.

Le succès de l'émission italienne est une bonne nouvelle pour le chef du gouvernement italien Mario Monti qui avait indiqué mercredi à Berlin qu'il espérait que la "bonne conduite politique" permette à l'Italie de bénéficier de "taux d'intérêt raisonnables".

Un autre test aura lieu vendredi pour l'Italie avec une émission à moyen et long terme cette fois, jugée plus révélatrice.

Arrivé au pouvoir mi-novembre, M. Monti a imposé à marche forcée de lourds sacrifices aux Italiens en faisant adopter un nouveau plan de rigueur, le troisième en six mois, afin de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013.

S'exprimant jeudi devant le Parlement, le chef du gouvernement, qui doit recevoir le 20 janvier à Rome la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, a toutefois insisté pour que l'Europe ne se borne pas à l'austérité et investisse "davantage d'énergie" pour la croissance.

Il a lui-même ouvert la "deuxième phase" de son action, tournée vers la croissance, en planchant sur un vaste programme de libéralisations et une réforme du marché du travail.

Mais l'ex-commissaire européen est conscient que ses efforts ne seront pas suffisants et ne cesse de plaider pour une réponse "commune, solidaire et convaincue" de l'Union européenne à travers un renforcement du Fonds de secours dont il juge les ressources insuffisantes.

L'Italie doit émettre cette année près de 450 milliards d'euros d'obligations et ses taux à dix ans évoluent toujours entre 6,5% et 7%, des niveaux difficilement soutenables à terme pour financer la dette colossale de 1.900 milliards d'euros (environ 120% du PIB) du pays.

Autre maillon faible de la zone euro, l'Espagne, dont le déficit public pourrait dépasser les 8% du PIB en 2011 contre un objectif initial de 6%, a été invitée mercredi par Bruxelles à prendre de nouvelles mesures, en agissant notamment sur l'emploi alors que son taux de chômage dépasse les 20%.

Face à ce dérapage budgétaire, le nouveau gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a adopté fin décembre de nouvelles mesures de rigueur.

Au cours de cette journée chargée pour la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) tient de son côté la réunion mensuelle de son conseil des gouverneurs.

Si son principal taux d'intérêt devrait rester inchangé à 1% et qu'aucune mesure sur les banques n'est attendue après le prêt géant de décembre, les commentaires de son président, Mario Draghi, sur les rachats d'obligations souveraines seront en revanche scrutés.

Dans un appel du pied à l'institution de Francfort pour qu'elle renforce ses achats de dette italienne, Mario Monti a d'ailleurs dit jeudi avoir hâte que l'UE se mette d'accord sur une discipline budgétaire renforcée pour que la BCE puisse se sentir "plus détendue".

Pendant ce temps, en Grèce, les négociations se poursuivent entre le gouvernement et les banques sur l'effacement de 100 milliards d'euros de dettes.

Charles Dallara, patron de l'Institut de la Finance Internationale qui mène la négociation côté banques, doit rencontrer à Athènes le ministre des Finances Evangélos Vénizélos et le chef du gouvernement Lucas Papadémos.

Le versement des prochaines aides dont la Grèce a besoin pour éviter la faillite dépend de l'issue de ces négociations et de la mise en oeuvre des programmes d'austérité exigés par les Européens et le FMI.

Mais la Grèce semble encore loin d'être à l'abri. Selon une source gouvernementale allemande citée jeudi par le Handelsblatt, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a estimé mardi lors de sa visite à Berlin, qu'il faudrait augmenter l'aide à Athènes de plusieurs "dizaines de milliards" d'euros.