Après la mort du journaliste français Gilles Jacquier, mercredi à Homs, la communauté internationale a pressé le régime syrien d'assurer la sécurité des journalistes et de faire toute la lumière sur les circonstances de la mort du reporter.
AFP - La communauté internationale a appelé les autorités syriennes à assurer la protection des journalistes sur son territoire après la mort d'un reporter français, au moment où le régime affiche sa détermination à faire taire, coûte que coûte, la contestation populaire.
Les obsèques de Gilles Jacquier, grand reporter de France 2 tué mercredi à Homs (Syrie) à l'âge de 43 ans, auront lieu à Bernex, village de Haute-Savoie d'où il est originaire, a indiqué jeudi son maire à l'AFP.
Aucune date n'est fixée pour le moment mais les obsèques n'auront vraisemblablement pas lieu "avant la semaine prochaine", a précisé Joseph Trincat, maire de Bernex, après un entretien avec le père du journaliste.
Situé à une dizaine de kilomètres du lac Léman, Bernex est un village d'environ 1 200 habitants, doté notamment d'une station de ski.
Les dirigeants occidentaux dont le président français Nicolas Sarkozy ont demandé que "toute la lumière soit faite" sur les circonstances de la mort mercredi de Gilles Jacquier, travaillant pour la chaîne de télévision France 2.
Il se trouvait parmi un groupe de journalistes autorisés à se rendre à Homs, épicentre de la contestation contre le régime.
L'armée régulière syrienne est entrée à Homs au mois de mai lançant des opérations d'envergure contre cette ville, la troisième de Syrie, à 2OO km au nord de la capitale.
La télévision officielle syrienne a accusé "un groupe terroriste" d'avoir "tiré des obus sur des journalistes étrangers", alors que des militants pro-démocratie sur place ont accusé le régime de Bachar al-Assad confronté depuis le 15 mars 2010 à une contestation populaire qu'il réprime dans le sang.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a précisé que six Syriens avaient également été tués dans l'explosion des obus, et a demandé l'ouverture d'une enquête, indiquant ignorer l'origine des tirs.
L'organisation a annoncé que près de 2.000 étudiants ont manifesté jeudi à Irbine, dans la province de Damas appelant à "la chute du régime et à déférer devant la justice les assassins du peuple syrien". Une autre manifestation d'étudiants a eu lieu à Harasta, près de Damas.
Deux civils ont été tués jeudi par des tirs de miliciens du régime à Homs (centre), selon l'OSDH.
Les militants pro-démocratie ont appelé à des manifestations jeudi dédiées à Gilles Jacquier, premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début du mouvement de contestation à la mi-mars. "Grand homme, grand reporter, on pense tous à toi et ta famille, ont-ils écrit sur leur page Facebook "Syrian Revolution 2011".
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé qu'une enquête soit rapidement menée, alors que le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a souligné "une fois de plus le prix terrible payé par la population de Homs et le courage des journalistes qui prennent de grands risques pour faire savoir ce que vit la population syrienne".
Le président français Nicolas Sarkozy a indiqué vouloir que "toute la lumière soit faite" sur les circonstances de la mort du journaliste, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé demandant aux autorités syriennes "d'assurer la sécurité des journalistes internationaux sur leur territoire".
La porte-parole du département d'Etat américain a déploré pour sa part que "le régime ne fourni(sse) pas aux journalistes (...) un environnement favorable".
Par ailleurs, l'organisation des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW) a demandé à la Ligue arabe qui tente de mettre fin aux violences en Syrie, de "condamner d'urgence" les forces de sécurité syriennes qui tirent sur les protestataires pacifiques qui cherchent à contacter les observateurs arabes" chargés de rendre compte de la situation dans le pays.
HRW affirme dans un communiqué qu'il y a de "flagrantes violations" du plan arabe conclu avec le gouvernement syrien début novembre et demande à l'organisation arabe d'"annoncer publiquement les résultats" de la mission des observateurs et de "dire si cette mission doit se poursuivre".
Devant l'escalade des violences en Syrie, le vice-président américain Joe Biden s'est entretenu de la situation dans ce pays mercredi avec le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, un proche allié des Etats-Unis dans le Golfe, a indiqué la Maison Blanche.
"En particulier, ils ont condamné les violences perpétrées par le régime (du président) Assad en Syrie et souligné l'importance du rapport des observateurs de la Ligue arabe, attendu le 19 janvier", selon la même source.
Mardi, Bachar al-Assad a accusé des pays étrangers de "comploter" contre la Syrie, lançant: "Leur rêve tournera au cauchemar. Nous n'allons pas permettre la défaite de la Syrie qui signifiera la chute de la région entière".
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a fustigé la thèse du complot et un discours "glacialement cynique". Les Etats-Unis ont annoncé leur décision de réduire davantage le personnel diplomatique de leur ambassade à Damas en raison d'inquiètudes pour sa sécurité.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev a estimé lui dans un entretien publié jeudi sur le site du quotidien russe Kommersant, que "Washington et Ankara travaillent dès maintenant à divers plans de zones d'exclusion aérienne où pourraient se former et s'amasser des unités armées de la rébellion syrienne.
La création de telles zones en Syrie est une demande essentielle des militants pro-démocratie syriens.
Ceux-ci ont appelé les Syriens sur Facebook à manifester vendredi pour "soutenir l'Armée syrienne libre" (ASL), qui regrouperait quelque 40.000 déserteurs et dont le chef Riad al-Assaad est basé en Turquie.